À New Delhi, où se tient la 20ᵉ session du Comité intergouvernemental de l’UNESCO, tous les regards marocains sont tournés vers la date de ce mercredi, appelée à consacrer officiellement le caftan marocain comme élément du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Après un avis technique favorable de l’organe d’évaluation, qui recommande son inscription sur la Liste représentative, le vote du Comité s’annonce, sauf coup de théâtre, comme une formalité diplomatique qui confirmera l’appartenance marocaine de cette tenue emblématique.
Cette étape marque l’aboutissement d’un long processus engagé par le Royaume pour documenter l’histoire, les savoir-faire, les usages sociaux et les modes de transmission du caftan. Elle vient aussi clore une séquence de forte tension avec l’Algérie, qui a multiplié les objections formelles et la mobilisation de relais numériques pour contester la marocanité de ce vêtement, tout en tentant de le diluer dans la notion floue de « patrimoine partagé ».
Rabat voit au contraire dans cette reconnaissance annoncée une réparation historique : le caftan, né et développé dans l’espace urbain marocain, de Fès à Tétouan en passant par Rabat et Marrakech, est devenu au fil des siècles un marqueur de raffinement, de créativité et de modernité assumée. Son inscription à l’UNESCO viendra s’ajouter à une longue liste d’éléments marocains déjà consacrés, de Jemaa El-Fna au Moussem de Tan-Tan.
La « guerre du caftan » engagée par Alger, après ses tentatives similaires autour du couscous ou du zellige, apparaît d’autant plus vaine que le pays a déjà obtenu en 2024 l’inscription de son propre costume de cérémonie, la gandoura constantinoise, sur la même Liste représentative. Plutôt que d’alimenter une rivalité stérile, cette séquence aurait pu être l’occasion d’une complémentarité maghrébine assumant la richesse de chaque tradition vestimentaire.
Pour le Maroc, l’enjeu, désormais, sera de protéger le label “caftan marocain”, de soutenir davantage les artisans, créateurs et maisons de couture, et de veiller à ce que ce symbole de l’élégance marocaine ne soit ni dénaturé ni capté à des fins d’appropriation politique.
Par Salma Semmar
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