L’Allemagne franchit un cap dans sa politique migratoire. Le gouvernement fédéral, réuni mercredi 4 juin en Conseil des ministres, a validé un projet de loi visant à faciliter la désignation des pays dits « d’origine sûre », sans passer par l’approbation parlementaire. Une réforme qui vise à accélérer le traitement – et le rejet – des demandes d’asile jugées infondées.
Dans la ligne de mire : des pays comme l’Algérie, l’Inde, la Tunisie, et surtout le Maroc, dont les ressortissants voient, dans 80 % des cas, leur demande rejetée dans l’Union européenne, selon les chiffres de l’Agence européenne pour l’asile. Jusqu’ici freiné par le Bundesrat, ce classement controversé est désormais à la portée de l’Exécutif seul, qui entend s’en saisir pour durcir sa politique migratoire.
Cette réforme s’inscrit dans une dynamique impulsée par la nouvelle coalition CDU-SPD, qui a fait de la maîtrise des flux migratoires un cheval de bataille. Berlin a récemment ouvert deux centres « Dublin » à Hambourg et Eisenhüttenstadt pour accélérer les expulsions vers les pays d’entrée en Europe. Actuellement, 22 demandeurs d’asile marocains y sont déjà sous le coup d’une procédure de retour.
Outre l’aspect administratif, cette mesure vise également à envoyer un message politique : l’Allemagne veut couper court aux tentatives d’entrée illégale et dissuader les migrants économiques d’invoquer l’asile comme échappatoire. Le Maroc, déjà reconnu « pays sûr » par l’Italie et la Commission européenne, s’apprête donc à être traité de la même manière à Berlin.