La Cour suprême d’Espagne a enfin révisé la condamnation pour viol prononcé il y a plus de 30 ans par un tribunal de Barcelone, à l’encontre du maçon marocain Ahmed Tommouhi aujourd’hui âgé de 72 ans. Ce dernier était en quelque sorte un « Omar Reddad » de la Justice espagnole à d’autres proportions évidemment.
Tommouhi a déjà été acquitté une fois par le tribunal de grande instance. Mais pour autant, cela ne l’a pas empêché d’en purger entièrement la peine dont il avait été condamné par le tribunal provincial de la ville de Barcelone, le 23 septembre 1992 et une certaine Margarita Robles (actuelle ministre de la Défense). Il a, en effet, passé 15 ans derrière les barreaux. Ahmed Tommouhi né à Nador en 1951 a passé 30 ans à se battre et clamer son innocence.
En 1992, il avait été donc, reconnu coupable du viol d’une jeune fille de 14 ans à Cornella (Barcelone) qu’il nie avoir commis. Sa version aujourd’hui est basée sur un rapport de sperme qui révèle que ce n’était pas son profil génétique. La victime elle-même, plusieurs décennies plus tard, a admis s’être trompée sur son identification.
De plus, la Guardia civil espagnole avait arrêté le vrai coupable Antonio García Carbonell en 1995, un prédateur sexuel qui n’avait en commun avec Tommouhi que son apparence physique et de petites différences linguistiques (c’était un gitan). Les échantillons de sperme recueillis lors de six agressions sexuelles cette année-là appartenaient à Carbonell et ont servi à lui imposer 228 ans de prison.
La vie perdue d’Ahmed Tommouhi, le maçon marocain injustement condamné, est un tragique exemple des conséquences dévastatrices des erreurs judiciaires. Pendant 15 ans, il a été privé de liberté et séparé de sa famille, sacrifiant une grande partie de sa vie dans une lutte acharnée pour prouver son innocence.