Le Front Polisario poursuit, sans grand succès, sa campagne diplomatique pour arracher de nouvelles reconnaissances internationales à sa prétendue « République arabe sahraouie démocratique » (RASD). Après un échec retentissant à séduire Moscou, le mouvement séparatiste soutenu par Alger jette désormais son dévolu sur le Brésil et tente de rallier à sa cause le président Luiz Inácio Lula da Silva. Mais là aussi, les signaux sont au rouge.
Lors d’une récente interview à Brasilia, le représentant du Polisario, Ahmed Moulay Ali Hamadi, a reconnu que le président brésilien n’a jamais répondu aux sollicitations de reconnaissance de la RASD. Malgré plusieurs tentatives de contact, les responsables du ministère des Affaires étrangères brésilien, rencontrés par les émissaires du front, ont tous renvoyé la décision finale à Lula. Un silence politique qui en dit long.
Une érosion du soutien au sein même du pouvoir brésilien
Autre signe du déclin diplomatique du Polisario au Brésil, la position du Parti des travailleurs (PT), formation historique de Lula et autrefois fervente alliée du front, a spectaculairement évolué. En 2014, ses députés réclamaient la reconnaissance de la RASD. Dix ans plus tard, le ton a radicalement changé.
En novembre 2024, Romenio Pereira, secrétaire aux relations internationales du PT, affirmait clairement :
« Le plan d’autonomie pour le Sahara proposé par le Maroc repose sur le dialogue et le droit international. Le Brésil devrait soutenir cette initiative qui favorise la paix. »
Une déclaration qui s’inscrit dans la ligne du ministère brésilien des Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie, Mauro Vieira, saluait en juin 2024 depuis Rabat les « efforts sérieux et crédibles du Maroc » dans le cadre de l’initiative d’autonomie, reconnue internationalement comme une solution pragmatique au différend régional.
L’Algérie tentée de lâcher prise ?
Alors que le soutien au Polisario s’effrite sur la scène internationale, y compris dans ses bastions historiques, l’Algérie – son principal bailleur financier et logistique – pourrait être tentée, à moyen terme, de revoir sa stratégie. L’isolement du front, cumulé à la pression diplomatique croissante sur Alger et à l’adhésion de plus en plus large au plan d’autonomie marocain, pousse certains observateurs à prédire un désengagement progressif d’Alger, d’autant que le coût politique et économique du soutien au Polisario devient de plus en plus difficile à justifier pour une population algérienne en proie à de nombreuses difficultés internes.