Devant la commission de l’Éducation, de la Culture et de la Communication, le ministre Mehdi Bensaid n’y est pas allé par quatre chemins pour prévenir les journaux qu’il sera mis fin à l’aide financière de l’État, dont la plupart ont bénéficié avec l’arrivée du Covid-19, qui avait plombé les ventes en raison de la désorganisation du réseau de distribution et de la prédominance des réseaux sociaux.
Ce système de soutien, resté en vigueur jusqu’en 2024 pour atteindre 325 millions de dirhams au titre de cet exercice, est appelé à prendre fin à la fin du mois de février prochain, a annoncé le ministre. Une mesure pressentie par le secteur, mais qui l’a mis en émoi. Rien n’y fait, cependant : le responsable gouvernemental est resté ferme, considérant qu’il appartenait aux journaux de trouver des sources de financement, les habitudes de lecture de la presse nationale sur support papier ayant, selon lui, repris. Ce constat est démenti par les professionnels, qui s’estiment toujours plongés dans la crise en raison de l’assèchement des recettes publicitaires. À cela, Bensaid a répondu devant la commission que les journaux ne paient pas leurs journalistes avec des salaires décents et que, si un effort devait être fait, il devrait d’abord tenir compte de ce volet.
La presse n’a pas tardé à réagir, estimant que ce secteur, de par sa nature d’utilité publique, devait être accompagné par l’État pour sa mise à niveau et pour continuer à jouer son rôle dans la consolidation de la vie démocratique, la conscientisation des citoyens et la défense de l’intégrité territoriale. Si l’argument vaut ce qu’il vaut, il n’en demeure pas moins que, dans d’autres pays démocratiques, le soutien à la presse n’est pas conditionné par son rôle d’éducation, mais par le fait qu’il s’agit d’un secteur économique créant des emplois.
Mobilisée derrière ses associations représentatives, la profession s’est levée vent debout, malgré ses divisions, pour obtenir le maintien de cette aide vitale ou, à tout le moins, sauver les meubles en s’accordant sur de nouvelles modalités d’octroi de cette aide.
Par Jalil Nouri
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