L’arrestation de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, survenue il y a quelques jours à l’aéroport d’Alger, suscite indignation et consternation. Placé sous mandat de dépôt par le parquet antiterroriste d’Alger, il est accusé d’« atteinte à l’intégrité du territoire national », un chef d’inculpation qui pourrait le condamner à la réclusion criminelle à perpétuité, voire à la peine de mort. Ce traitement infligé à un homme de lettres met en lumière les graves atteintes aux droits de l’Homme et à la liberté d’expression en Algérie.
Un pouvoir répressif face à la liberté de pensée
Figure emblématique de la lutte contre l’autoritarisme, Boualem Sansal, âgé de 75 ans, est connu pour son franc-parler et ses critiques acerbes contre le régime algérien. Son arrestation intervient dans un contexte de tensions diplomatiques accrues entre Alger et Paris, notamment après le soutien de la France au plan marocain d’autonomie pour le Sahara. Mais derrière les accusations portées contre lui se cache une volonté manifeste de réprimer une voix dissidente qui dérange un pouvoir fragilisé.
« Cette arrestation est sans fondement et inacceptable », a déclaré Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères. En France, comme dans les cercles littéraires internationaux, l’affaire Sansal est perçue comme un grave affront à la liberté d’expression et un exemple supplémentaire de la dérive autoritaire du régime algérien.
Un écrivain persécuté pour ses idées
L’écrivain a été interpellé le 16 novembre à son arrivée en Algérie. Pendant plusieurs jours, les autorités ont gardé le silence sur son sort, alimentant l’inquiétude de ses proches et de la communauté littéraire. Selon son avocat, François Zimeray, il ignore encore les véritables motifs de son arrestation. En réalité, Boualem Sansal semble payer le prix de son indépendance d’esprit, de ses critiques envers le régime algérien et de son soutien à des causes sensibles, comme le mouvement de contestation populaire de 2019.
Un mépris pour les droits fondamentaux
Le cas de Boualem Sansal est révélateur d’un contexte plus large où la liberté d’expression en Algérie est systématiquement muselée. Comme le dénoncent des intellectuels et écrivains de renom dans une tribune publiée récemment, « la répression, les emprisonnements et la mise sous surveillance » sont devenus monnaie courante dans un pays où toute opposition est perçue comme une menace. Cette affaire met également en lumière un régime incapable de tolérer la diversité des idées, préférant brandir des accusations fallacieuses pour justifier des emprisonnements arbitraires.
Une mobilisation internationale croissante
La communauté littéraire internationale s’est mobilisée massivement pour soutenir Boualem Sansal. Des Prix Nobel comme Annie Ernaux, J.M.G. Le Clézio ou encore Salman Rushdie ont signé une tribune dénonçant l’arrestation de l’écrivain. « Il y va de la liberté, du droit à la culture et de nos vies à nous, écrivains ciblés par cette terreur », peut-on lire dans cette déclaration qui appelle à la libération immédiate de Boualem Sansal et de tous les prisonniers d’opinion en Algérie.
L’Algérie face à ses responsabilités
Cette affaire soulève une question fondamentale : jusqu’où l’Algérie est-elle prête à aller pour étouffer la liberté d’expression ? Ce régime, qui n’hésite pas à instrumentaliser la justice pour réduire au silence ses opposants, montre une fois de plus son incapacité à respecter les droits fondamentaux. En ciblant une figure aussi respectée que Boualem Sansal, il s’expose à une condamnation internationale qui risque de ternir davantage son image déjà écornée.
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