Le gouvernement malien de transition a décidé de porter son différend avec l’Algérie devant la justice internationale. Jeudi, les autorités ont annoncé avoir déposé une requête introductive d’instance auprès de la Cour internationale de Justice (CIJ), accusant Alger d’« agression » et d’entrave à la lutte antiterroriste au Sahel.
Un drone détruit à Kidal, point de rupture
À l’origine de cette saisine, la destruction dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025 d’un drone de reconnaissance malien (TZ-98D) dans la région de Kidal. Selon Bamako, l’appareil a été abattu « de manière préméditée » par l’armée algérienne. Les autorités maliennes affirment avoir multiplié les requêtes auprès d’Alger pour obtenir des preuves d’une éventuelle violation de son espace aérien, restées sans réponse.
Des accusations graves contre Alger
Dans un communiqué transmis à l’Agence APA, Bamako dénonce un « acte hostile et inamical », contraire aux principes de non-recours à la force inscrits dans la Charte des Nations Unies et l’Acte constitutif de l’Union africaine. Le gouvernement malien va plus loin en accusant Alger d’entretenir une « collusion malsaine » avec des groupes terroristes opérant au nord du Mali, dont l’armée malienne affirme avoir entravé les activités.
Une escalade diplomatique
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de relations déjà extrêmement tendues. En avril, Bamako avait saisi le Conseil de sécurité de l’ONU, et ouvert une enquête judiciaire nationale pour terrorisme et complicité. Depuis, les deux pays ont fermé mutuellement leurs espaces aériens et rappelé leurs ambassadeurs. Les liaisons aériennes entre Bamako et Alger, à peine rétablies fin 2024, ont de nouveau été suspendues.
Un conflit régional aux répercussions internationales
En choisissant de saisir la CIJ, Bamako entend placer l’Algérie face à ses responsabilités, mais aussi rappeler la nécessité d’un engagement sincère des États de la région dans la lutte antiterroriste. Ce bras de fer se déroule alors que le Mali, déjà en froid avec la France depuis la fin des opérations Barkhane, cherche de nouveaux appuis diplomatiques et militaires dans un Sahel toujours sous la menace jihadiste.