Le Maroc s’apprête à franchir un cap historique : celui des 20 millions de touristes à la fin de l’année 2025. Avec déjà près de 18 millions de visiteurs enregistrés, il suffira de deux millions d’arrivées supplémentaires, portées par les fêtes de fin d’année et la Coupe d’Afrique des Nations, pour atteindre ce seuil symbolique que le secteur attendait depuis des années.
Comme souvent, le rôle des touristes français, premier marché émetteur du Royaume, sera décisif. Leur présence traditionnelle pour Noël et le réveillon, combinée à un engouement renouvelé pour les villes impériales, les stations balnéaires et le tourisme rural, devrait contribuer à gonfler les chiffres. Cette année, ils partageront les hôtels, riads et maisons d’hôtes avec des dizaines de milliers de supporters africains venus vibrer au rythme de la CAN 2025, mais aussi avec une importante diaspora africaine installée en Europe, décidée à vivre cet événement continental sur le sol marocain.
Ce palier des 20 millions ne sera pas seulement un record statistique. Il pose avec acuité la question de la mise à niveau du secteur touristique. Hébergements, transports, services, formation du personnel, digitalisation, gestion des flux dans les sites les plus prisés : tout l’écosystème est appelé à évoluer pour répondre aux exigences d’un tourisme de masse qui ne doit pas se faire au détriment de la qualité.
Le Maroc est également sommé de renforcer la lutte contre les nuisances et les “taches noires” qui persistent dans certaines destinations : insalubrité, harcèlement des visiteurs, transport informel ou pratiques commerciales abusives. Autant de faiblesses qui peuvent ternir l’image d’un pays par ailleurs salué pour son hospitalité, sa sécurité et la diversité de son offre.
En entrant dans le haut du classement mondial des destinations touristiques, le Royaume peut légitimement se féliciter du chemin parcouru. Mais ce succès crée aussi une obligation : celle de bâtir un modèle durable, respectueux des populations locales, de l’environnement et des attentes d’une clientèle internationale toujours plus nombreuse. Un défi à la hauteur d’un avenir que le Maroc espère résolument radieux.
Par Salma Semmar
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