Entre cartes postales et réalités contrastées, la question revient avec insistance : le Maroc conserve-t-il son pouvoir de fascination ? Pays ancien et en mouvement, le Royaume progresse, trébuche parfois, mais continue de marquer ceux qui y vivent ou y séjournent.
Aucun État n’échappe aux retards, contraintes ou erreurs de pilotage. Le Maroc n’y fait pas exception. Héritages historiques, chocs externes, arbitrages économiques : la mécanique du réel est plus rugueuse que les slogans. Mais cette imperfection n’annule pas l’essentiel.
Loin des adjectifs lustrés des guides, le Maroc demeure pour d’innombrables visiteurs un pays attachant et hospitalier, parfois pittoresque, toujours stimulant. Richesse culturelle, diversité paysagère, civilisation plurielle : du Rif au Sahara, des médinas aux villes nouvelles, le Royaume ne laisse pas indifférent. Beaucoup rêvent d’y revivre la première fois.
Le pays place haut la barre en matière de développement et de tourisme. Infrastructures, événements majeurs, montée en gamme : la dynamique est réelle. Reste une ligne de crête : à force de vouloir « faire comme ailleurs », le risque est de diluer l’identité, d’éroder valeurs et traditions, sous l’influence d’images calibrées pour les réseaux sociaux. L’enjeu n’est pas de tourner le dos à la modernité, mais de l’absorber sans se renier.
Préserver le capital d’authenticité suppose de nourrir la marocanité par ce qu’elle a de meilleur : l’hospitalité réelle, la créativité des jeunes, le patrimoine vivant, l’excellence artisanale, la gastronomie, la musique, le sport. La route vers la Coupe du monde 2030 offre un miroir planétaire : saisir l’occasion pour forger une image juste, débarrassée des scories qui ternissent, et magnifier ce qui distingue.
Rester naturellement vrai n’est pas un slogan : c’est un choix stratégique pour redevenir et demeurer désirable. Le meilleur moyen ? Tendre vers l’excellence dans ce que le Maroc sait faire à sa manière, et viser à être, chacun à son niveau, le meilleur Marocain que le Royaume ait produit. C’est ainsi que le pays continuera non seulement de faire rêver, mais d’inspirer.
Par Salma Semmar
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