L’Afrique du Nord, et plus particulièrement le Maroc, continue de s’imposer comme un acteur incontournable de la transition énergétique mondiale. Le dernier en date à s’intéresser au potentiel solaire du Royaume est le milliardaire australien Andrew Forrest, fondateur du géant minier Fortescue, qui envisage de construire un interconnecteur sous-marin d’envergure pour transporter de l’électricité verte vers l’Europe.
Le projet est ambitieux : produire au moins 100 GW d’énergie renouvelable, principalement au Maroc, et acheminer jusqu’à 500 TWh par an vers le continent européen via des câbles sous-marins. Un volume équivalent à la consommation annuelle de l’Allemagne ou à la production de 17 réacteurs nucléaires de dernière génération. Pour garantir une fourniture stable, Fortescue s’appuiera sur un système intégré combinant batteries de stockage et centrales à hydrogène vert.
Bien que le tracé définitif de ce « corridor vert » n’ait pas encore été révélé, des sources évoquent un passage par l’Europe de l’Est avant d’atteindre le Royaume-Uni. En 2023, Fortescue avait déjà mandaté la société belge Jan de Nul pour conduire des études de faisabilité en vue de l’installation de plusieurs usines au Maroc, posant ainsi les premières pierres du projet. Andrew Forrest a d’ailleurs récemment présenté les contours de cette initiative au ministre britannique de l’Énergie, Ed Miliband, soulignant le rôle stratégique du projet pour répondre à la demande croissante d’électricité propre en Europe.
Cette initiative entre toutefois en concurrence directe avec le projet britannique Xlinks, porté par Sir Dave Lewis, qui prévoit de relier Tan-Tan, au sud du Maroc, au Devon en Angleterre via 4 000 km de câbles sous-marins, pour un investissement estimé à 25 milliards de livres sterling. Xlinks promet d’alimenter 7 millions de foyers britanniques dès 2030.
Dans un contexte mondial marqué par l’urgence climatique, les perturbations énergétiques en Espagne et au Portugal, et la volonté européenne de réduire sa dépendance au gaz russe, ces méga-projets illustrent un basculement historique : le Maroc devient un pilier énergétique pour le futur durable de l’Europe.