Pour une fois, Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine, n’a pas mis de gants et n’a pas choisi un langage diplomatique pour s’adresser, en conférence de presse, à un haut responsable européen, le commissaire à l’élargissement et au voisinage, et lui rappeler ce que le Maroc attend du partenaire européen. Bourita lancera pour cela une phrase-choc : Rabat ne se contentera pas de l’amour des Européens, mais de preuves de cet amour pour le Royaume.
En d’autres termes, le diplomate marocain s’est voulu clair et ferme : il faut que les 27 fassent plus sur le dossier du Sahara et montrent leur solidarité avec le Maroc après l’arrêt de la Cour européenne de justice sur l’entrée des produits agricoles et la pêche sur le sol de l’Europe.
Ce langage de vérité est annonciateur d’une nouvelle stratégie marocaine dans ses rapports avec l’UE, alors que celle-ci a tenté, par la voix de son commissaire hongrois au voisinage, de rappeler que le Maroc reste un « partenaire fiable et un pilier de stabilité », des mots qui sonnent désormais creux depuis que l’Union européenne s’est cantonnée dans un attentisme sous couvert de neutralité.
C’est de cette neutralité que Rabat voudrait la faire sortir, en s’appuyant sur la récente normalisation avec Paris, qui a débouché sur un appui sans ambages au plan d’autonomie pour résoudre le conflit du Sahara, avec un Macron décidé à jouer le rôle d’avocat du Maroc à l’UE.
Par Jalil Nouri