Le Maroc vient de franchir une étape clé dans la modernisation de son secteur touristique. Jeudi 20 novembre, le ministère du Tourisme, en présence des professionnels du secteur, a annoncé le lancement d’un nouveau modèle d’estimation de la fréquentation hôtelière, adossé à une refonte numérique complète des outils de l’Observatoire du tourisme. Une réforme technique en apparence, mais présentée comme un véritable levier stratégique pour piloter un secteur devenu l’un des moteurs de l’économie nationale.
Au cœur de ce dispositif, une méthodologie d’échantillonnage représentatif qui tient compte de plusieurs paramètres : typologie des établissements d’hébergement touristique classés (EHTC), destination, saisonnalité et structure de l’offre. Ce modèle, inspiré des standards en vigueur dans les grandes destinations internationales, vise à produire des indicateurs plus précis, recoupés avec d’autres données de terrain (arrivées aux frontières, nuitées, recettes, etc.), afin de refléter au mieux la réalité de l’activité touristique.
Un acte « stratégique » pour piloter la feuille de route 2023-2026
Pour la ministre du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor, cette évolution va bien au-delà d’une mise à jour technique. Elle s’inscrit dans la feuille de route 2023-2026, qui fait de la gouvernance par la donnée un axe central. Le nouveau modèle doit offrir aux pouvoirs publics comme aux opérateurs privés une vision plus fine des performances par destination, par produit et par période, afin de mieux cibler les investissements, les incitations et les campagnes de promotion.
Cette réforme intervient dans un contexte de records touristiques : en 2024, le Maroc a enregistré près de 28,7 millions de nuitées dans les EHTC et des recettes en devises estimées à 112 milliards de dirhams, en forte progression par rapport à 2019 comme à 2023. Ces résultats confirment la montée en puissance du secteur et renforcent la nécessité de disposer d’un système d’information robuste pour accompagner cette dynamique.
Un Observatoire du tourisme nouvelle génération
Pour soutenir cette mutation, l’Observatoire du tourisme se dote d’un nouveau portail web (observatoiredutourisme.ma), intégrant un tableau de bord interactif. Développé avec l’appui de l’ONU Tourisme et de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), cet outil met à disposition des indicateurs actualisés, comparables et facilement interprétables. Il se veut ouvert aussi bien aux professionnels, aux investisseurs qu’au grand public.
Ce portail donnera accès à des séries de données détaillées : arrivées par marché émetteur, nuitées par destination, évolution des recettes, tableaux de bord nationaux mensuels et archives. L’objectif est de passer d’une logique de rapports statiques à une culture du pilotage en temps quasi réel, indispensable dans un environnement où la concurrence internationale est de plus en plus vive.
Vers une véritable « culture de la donnée » dans le tourisme
Le président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), Hamid Bentahar, a salué une étape structurante pour l’écosystème. L’ambition affichée est de faire de la donnée un avantage compétitif durable, en aidant les entreprises à mieux comprendre les tendances de la demande, à ajuster leurs capacités et à anticiper les nouvelles attentes des voyageurs.
À terme, ce nouveau système statistique pourrait aussi servir de support à d’autres chantiers : montée en gamme de l’offre, développement du tourisme durable, diversification des produits (nature, culture, MICE, tourisme intérieur), ou encore meilleure répartition des flux entre les grandes métropoles et les territoires émergents.
En modernisant ainsi son infrastructure de connaissance, le Maroc ne se contente plus d’accueillir des records de touristes : il se dote des instruments nécessaires pour comprendre, anticiper et orienter la croissance de l’un de ses secteurs les plus stratégiques.
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