Le Maroc, nouveau poids lourd discret de l’industrie automobile mondiale ?

Peut-on considérer le Maroc comme un géant de l’automobile ? Tout dépend de la définition que l’on donne à ce terme. Mais une chose est certaine : le Royaume ne se contente plus de jouer en périphérie, il s’impose désormais comme un acteur majeur dans le concert mondial de la production automobile.

Avec plus de 700 000 véhicules produits et vendus annuellement, le Maroc vient de dépasser la Roumanie dans les classements internationaux, dépassant ainsi un pays longtemps considéré comme une référence industrielle dans ce domaine. Cette performance est le fruit d’une stratégie claire : construire un écosystème automobile intégré, structuré et compétitif.

Être un géant, c’est aussi maîtriser toute la chaîne de valeur : du montage à l’approvisionnement en pièces, en passant par la logistique. À Tanger et Kénitra, des usines de constructeurs français produisent à grande échelle, appuyées par un réseau dense de fournisseurs locaux, dans un environnement favorable : proximité de l’Europe, infrastructures modernes, ports performants, fiscalité avantageuse et, surtout, main-d’œuvre formée et compétitive.

Mais au-delà des volumes de production, le secteur automobile joue un rôle socio-économique déterminant. Il est aujourd’hui l’un des principaux moteurs d’emploi industriel au Maroc, contribuant de manière significative à la réduction du chômage, notamment chez les jeunes diplômés et dans les régions périphériques. Il offre un cadre structurant et pérenne, avec des perspectives de carrière et de formation continue.

Le Maroc affiche également une ambition continentale : devenir un hub automobile africain, au carrefour des échanges euro-africains. Les accords de libre-échange et le développement d’infrastructures logistiques comme Nador West Med illustrent cette volonté de projection géostratégique.

Autre enjeu majeur : la transition vers l’électrique. Le Royaume anticipe déjà la mutation du secteur et engage des discussions pour accueillir des unités de production de véhicules électriques et de batteries, positionnant ainsi son industrie sur le futur de la mobilité durable.

Face à ces éléments, nier le statut de puissance automobile émergente du Maroc relève d’un déni manifeste. Si le Royaume n’est pas encore un géant au sens classique, il est aujourd’hui un modèle d’ascension industrielle rapide, structurée et stratégique, qui inspire sur le continent et au-delà.

Par Salma Semmar