Rien d’étonnant dans cette violente sortie médiatique du ministre de la Justice et membre influent du PAM, Abdellatif Ouahbi, contre le leader du PJD, Abdelilah Benkirane, pour faire oublier ses récents déboires liés à des accusations d’enrichissement illicite et de fausses déclarations fiscales, pour lesquelles il risque gros en cas d’inculpation.
Lors de son intervention sur les ondes d’une radio privée, où il a soigneusement évité d’évoquer ces scandales, l’ancien secrétaire général du PAM a préféré orienter le débat, usant de ses talents d’orateur habitué aux prétoires, vers un véritable réquisitoire contre le chef islamiste. Il a prédit la fin politique de Benkirane, qu’il imagine subir une cuisante défaite lors des législatives de 2026, élections que le PAM espère remporter pour prendre les rênes du prochain gouvernement après l’ère Akhannouch.
Pour Ouahbi, Benkirane n’est plus qu’un symbole d’un passé révolu. Il l’accuse d’avoir, par son manque d’envergure d’homme d’État, précipité la chute du PJD après dix ans de pouvoir, avec à la clé un bilan jugé dérisoire et une base électorale quasiment disparue.
Le ministre n’a pas été avare en propos désobligeants à l’encontre de son adversaire, le décrivant comme un homme coupé de ses soutiens, abandonné par les grandes figures de son parti, incapable de proposer une vision et souffrant, selon lui, d’un déclin mental manifeste, passant ses journées à vociférer face caméra dans un délire mégalomaniaque.
Mais derrière cette offensive, difficile de ne pas y voir une diversion orchestrée par un ministre en mauvaise posture. Au lieu d’assumer ses propres responsabilités, Ouahbi cible un adversaire politique affaibli, dans l’espoir de détourner l’attention d’une opinion publique qui attend, elle, des réponses claires sur ses affaires judiciaires.
Par Jalil Nouri