Pour une fois, le ministre de la Justice, Abdelatif Ouahbi, était bien dans son apparat pour présenter les contours de la future réforme de la Moudawana, en évitant ses excès de langage.
Le ministre sait qu’il n’a pas droit à l’erreur sur un dossier aussi sensible, s’il veut garder son nom dans l’histoire pour avoir été l’homme-clé de cette réforme et celui à qui revenait l’honneur d’en annoncer le contenu à tous les Marocains et de les rassurer sur sa mise en application prochaine.
Rompant avec son habitude des sorties de piste et des agressions verbales, il a fait preuve d’un calme et d’une pondération inhabituels, la situation exigeant de lui sobriété et retenue.
Il ne reste plus à Abdelatif Ouahbi qu’à se maintenir dans cette posture jusqu’à la fin de son mandat, surtout qu’il sera attendu sur une étape aussi majeure : la réforme du code pénal. Ceci, à moins qu’en chassant le naturel, il ne revienne au galop et reprenne ses mauvaises habitudes.
Car sa réputation de fauteur de troubles et de hâbleur impénitent est bien installée dans les esprits, et il lui faudra, pour faire oublier ses erreurs du passé, changer un comportement qui a failli lui coûter son poste lors du dernier remaniement. D’ailleurs, il est fort probable que la décision de ne pas le dessaisir de ses responsabilités était principalement due au fait qu’il était déjà bien impliqué dans le processus de la réforme de la Moudawana, au moment où celui-ci tirait à sa fin.
Aujourd’hui, il peut savourer une double victoire : celle d’avoir réussi dans cet exercice difficile et de s’être réconcilié avec l’opinion publique et son chef, un Akhannouch méfiant à son égard.
Par Jalil Nouri