Le ministre de la Communication, de la Culture et de la Jeunesse était attendu pour une épreuve difficile : celle de faire adopter son projet de réforme du Conseil national de la presse. Et c’est avec aisance qu’il a réussi son pari en obtenant l’approbation du Parlement.
Le texte, qui a fait couler beaucoup d’encre et valu au ministre une levée de boucliers retentissante de la part de nombreux mécontents, a finalement été adopté à la Chambre des représentants, en clôture de sa session. Pas moins de 249 amendements avaient été déposés, preuve de l’ampleur des divergences. Au final, 45 ont été retenus, dans un débat marqué par sa complexité et sa forte politisation opportuniste.
Ce Conseil national de la presse vivait depuis plusieurs mois sous un climat de tension et avec une présidence intérimaire, faute d’un cadre législatif clair. Désormais, dans sa nouvelle version, il est acté que les journalistes y siégeront après élection par la profession, tandis que les patrons de presse seront désignés — une disposition que ces derniers avaient érigée en ligne rouge à ne pas franchir.
Pour cette deuxième catégorie patronale, la pilule était difficile à avaler. Leur opposition virulente a résonné dans une campagne bruyante contre un texte interprété, chacun à sa manière, selon des intérêts divergents.
Mais le ministre Bensaïd, qui a su tenir bon contre vents et marées, est resté fidèle à sa philosophie initiale : « Parvenir, avec cette réforme, à préserver un équilibre entre la liberté de la presse et les règles déontologiques et professionnelles », une ambition qui, selon lui, ne peut se concrétiser sans un principe d’autorégulation.
La modernisation des structures et la mise à niveau du cadre juridique font de cette réforme une avancée majeure, à inscrire à l’actif du ministre Bensaïd. Elle ouvre une nouvelle page dans l’histoire de la presse nationale, en attendant un autre débat tout aussi épineux : celui de la réglementation et de l’économie de la presse numérique. Mais pour l’heure, laissons le ministre souffler un peu, au terme d’un véritable marathon législatif.
Par Jalil Nouri
N’importe quoi