On les voit partout : coachs en développement personnel, en communication, en bien-être, en sport, en nutrition ou encore en cuisine. Le coaching s’est imposé dans le quotidien des Marocains comme une offre d’“accompagnement” protéiforme, censée optimiser la performance, soulager le stress ou faciliter des transitions de vie. Mais derrière l’essor, une question persiste : la vague durera-t-elle ?
Sur le terrain, beaucoup de bénéficiaires saluent des effets concrets : clarification d’objectifs, routines plus saines, motivation durable. D’autres, en revanche, dénoncent des promesses intenables, des méthodes approximatives et des tarifs devenus dissuasifs, sans obligation de résultats ni contrat détaillé. En l’absence d’un encadrement réglementaire clair, la frontière entre pratiques professionnelles et dérives opportunistes se brouille, comme dans d’autres métiers non normés. Les acteurs sérieux plaident pour des référentiels déontologiques, la transparence des honoraires, la formalisation d’objectifs mesurables et la formation certifiante.
Phénomène de mode ? Sans doute. Mais l’ampleur du recours au coaching révèle aussi des besoins structurels : management en mutation, quête de bien-être au travail, pression de la performance scolaire et professionnelle, attentes nouvelles autour de la santé mentale. Autant de terrains qui appellent des interventions pluridisciplinaires — à condition de bien distinguer coaching, conseil et thérapie, et d’orienter vers des professionnels de santé lorsque la situation l’exige.
Reste le risque de dépendance. Si un suivi ponctuel peut catalyser un changement, un accompagnement prolongé, même “sain”, peut entretenir une relation d’appui dont le coût — financier et psychologique — n’est pas neutre. D’où l’importance de baliser la pratique : durée limitée, objectifs précis, évaluation périodique, droit de retrait. Les entreprises et institutions qui externalisent du coaching commencent d’ailleurs à exiger chartes éthiques, clauses de confidentialité et indicateurs de succès.
Le phénomène passera-t-il ? À court terme, rien n’indique un reflux : la demande reste forte et l’offre s’adapte. À moyen terme, sa pérennité dépendra d’un double mouvement : professionnalisation (certifications, supervision, contrats clairs) et éducation du public (savoir choisir, comparer, évaluer). C’est à ce prix que le coaching pourra s’inscrire durablement dans l’évolution des usages, plutôt que d’être emporté par la logique des modes.
Par Salma Semmar