Très tactique dans la gestion du temps et de l’actualité, le parti islamiste du PJD a déjà ouvert les hostilités bien avant l’approche des élections générales de 2026.
Soufflant le chaud et le froid, brandissant des slogans qui ne font plus mouche, le leader de cette formation, Abdelilah Benkirane, semble déterminé à faire bonne figure lors du prochain scrutin, avec l’ambition non dissimulée de redevenir chef de gouvernement après avoir mal digéré son éviction et son remplacement par Saâdeddine El Othmani.
C’est du moins ce qu’il croit et espère, mais la réalité sur le terrain est toute autre. Sa base électorale s’est diluée dans d’autres partis après les revers du dernier vote, qui ont condamné le PJD à une représentation réduite au Parlement. L’échec n’a jamais été digéré et ses causes jamais assumées.
Pour remonter la pente aujourd’hui, le parti islamiste a repris le chemin de la surenchère démagogique, tirant à boulets rouges sur l’actuelle majorité en se positionnant comme un sauveur autoproclamé. Il s’empare de toutes les questions liées au débat public, notamment la raréfaction des ressources hydriques sous l’angle des marchés relatifs aux stations de dessalement, les spéculations des commerçants pendant le Ramadan, la santé, et plus récemment, les démolitions d’habitations dans le cadre de plans de réaménagement. À Rabat, où le PJD convoite de nouveau la présidence du conseil communal, le parti tente de masquer l’incapacité de ses membres à gérer la ville lorsqu’ils en avaient la responsabilité.
Le leader islamiste est également monté au créneau sur les contrats de prospection de pétrole et de gaz au Sahara, confiés à une société israélienne, dans l’espoir de toucher la fibre pro-palestinienne des Marocains et de ratisser large en vue des prochaines élections.
Cette stratégie d’occupation du terrain avant l’heure a toutefois ses limites. Pour que le message soit porteur, il est nécessaire d’avoir une crédibilité que Benkirane a perdue en cours de route, avec un bilan qu’il n’est même plus pertinent de retenir.
Par Jalil Nouri