Naviguant à contre-courant de la dynamique actuelle visant à favoriser l’intégration des compétences marocaines de la diaspora, le parti islamiste a déposé un amendement au projet de loi sur le fonctionnement du gouvernement et le statut de ses ministres, visant implicitement les membres actuels issus des Marocains résidant à l’étranger (MRE).
Le parti de Abdelilah Benkirane est à ce jour le seul au sein de la classe politique à s’engager dans un tel combat, perdu d’avance, au risque de se mettre à dos la communauté des MRE et de compromettre leurs voix lors des prochaines échéances électorales. Son groupe parlementaire, à l’origine de cette initiative jugée vouée à l’échec, entend pourtant aller jusqu’au bout, en commençant par tenter de faire adopter l’amendement en commission. Une première étape avant de revenir à la charge avec un projet encore plus controversé : interdire la participation des MRE aux élections communales et législatives, une position largement perçue comme une hérésie et un affront à toute une communauté engagée.
Mais les adversaires du PJD dénoncent une posture anachronique, au moment où les MRE jouent un rôle crucial dans le développement du pays, avec des transferts financiers records et un engagement croissant des nouvelles générations. Ces dernières sont de plus en plus incitées à s’investir dans la vie économique, sociale et politique du Maroc, sans renier leur ancrage dans leur pays d’accueil — les deux appartenances n’étant nullement incompatibles.
Pourtant, la formation islamiste campe sur une vision jugée rétrograde, estimant que les Marocains nés et formés à l’étranger ne maîtrisent pas suffisamment les réalités du pays pour occuper des postes de responsabilité, notamment ministériels. Une conception des choses discutable, qui suscite l’incompréhension et l’indignation au sein même de la société civile et des Marocains du monde.
Par Jalil Nouri
De toute façon, les MRE ne votent pas pour les porcs