La semaine dernière, le juge d’instruction en charge de l’affaire du viol présumé d’une jeune avocate française lors d’une soirée organisée par des membres de la jet-set casablancaise a eu deux journées chargées pour poursuivre les auditions de la victime, des accusés et des témoins. Selon des bribes d’indiscrétions, le juge Rachid Oussama a vu sa tâche se compliquer avec les changements répétés de versions des témoins, contredisant celle de la victime.
Cette dernière a maintenu avoir été violée par les trois accusés après avoir été droguée au GHB. Cependant, son ancien compagnon, qui s’est désisté de sa plainte en raison de son statut de collaborateur du père de l’un des accusés, a nié les faits, corroborant les dires d’un témoin affirmant avoir vu l’invitée française partir, consentante, avec un autre invité dans une chambre.
Ces nouveaux éléments, ainsi que la demande de liberté pour raison de santé grave de l’un des accusés, qui avait participé à cette soirée quelques jours seulement après une opération au cœur, ont suscité des doutes sur la véracité des témoignages et des documents fournis par la défense. Cette dernière insiste pour obtenir une confrontation entre ses clients et la plaignante, une demande pour l’instant refusée en raison du climat de contradictions et de pressions exercées sur les témoins.
Malgré les efforts fournis, le dossier n’avance guère, s’enlisant dans des considérations complexes. Les accusés s’estiment victimes d’un acharnement lié à leur statut social, tandis que la présumée victime française poursuit ses allers-retours entre Paris et Casablanca pour répondre aux convocations du juge, tout en exprimant une suspicion assumée sur l’impartialité de la justice marocaine.
Par Jalil Nouri
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