Pour la première fois dans l’histoire du Maroc, un cadre juridique encadre l’exercice du droit de grève, plus de 60 ans après son inscription dans la Constitution. Le projet de loi organique n°97.15, discuté à la Chambre des représentants, marque une avancée majeure dans la réglementation du droit de grève, tout en reflétant un équilibre délicat entre revendications syndicales et impératifs économiques.
Des concessions pour un consensus
Sous l’impulsion du ministre de l’Inclusion économique, Younes Sekkouri, et après plus de 20 mois de consultations, le projet de loi a été remanié pour répondre à certaines demandes syndicales. Parmi les modifications majeures : la suppression des restrictions concernant les grèves politiques, de solidarité et par alternance, ainsi que la reconnaissance du droit des syndicats moins représentatifs à appeler à la grève. Ces amendements, obtenus au terme de 17 heures de délibérations intenses en commission, témoignent d’un dialogue social fructueux.
Une architecture législative détaillée
Le texte, structuré en quatre chapitres et 35 articles, définit juridiquement la grève, encadre ses modalités, et prévoit des mesures disciplinaires en cas de non-respect des règles. Par exemple, le deuxième chapitre impose un préavis pour les grèves et garantit la continuité des services essentiels. Quant au troisième chapitre, il fixe les sanctions applicables en cas d’irrégularités.
Un vote décisif
Lors de l’adoption article par article, 121 députés ont approuvé le texte contre 41 opposants, un vote sans abstention qui reflète un large soutien. Toutefois, les débats se poursuivront à la Chambre des conseillers, où les syndicats et le patronat pourraient encore influencer le contenu final du projet.
Une avancée sociale et économique
Ce projet de loi vise à instaurer un équilibre entre le droit constitutionnel de grève et la nécessité de préserver la stabilité économique. En encadrant juridiquement ce droit, le gouvernement espère créer un climat social favorable à l’investissement tout en garantissant la justice sociale. Cependant, l’applicabilité de cette réforme sur le terrain reste le véritable défi.
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