Le système de santé marocain, souvent critiqué pour ses inégalités flagrantes, est au centre des débats, avec les cliniques privées dans la ligne de mire. Lors d’une session des questions orales tenue le lundi 6 janvier 2024 à la Chambre des représentants, des députés ont dénoncé l’impact de ces cliniques sur l’accès équitable aux soins et leur rôle dans l’exacerbation des disparités territoriales.
Les cliniques privées sous le feu des critiques
Selon Rachid Hammouni, président du groupe du progrès et du socialisme, les cliniques privées concentrées dans les grandes villes accaparent 95 % des remboursements de la CNSS. Cette situation laisse le secteur public sous-financé et aggrave les difficultés d’accès aux soins dans les zones rurales. « Les habitants des régions reculées doivent parcourir des centaines de kilomètres ou payer des sommes astronomiques pour se faire soigner », a-t-il déclaré.
Des accusations de « pratiques douteuses », notamment des dossiers de remboursement fictifs impliquant des intermédiaires, ont également été évoquées, révélant des failles dans les mécanismes de régulation.
Des disparités régionales criantes
Certaines régions comme Draâ-Tafilalet illustrent les inégalités d’accès aux soins. Avec un ratio de seulement 0,68 lit pour 1.000 habitants, bien en deçà de la moyenne nationale de 1,1, les infrastructures publiques peinent à répondre aux besoins. Selon Imane Lamawi, députée du Parti authenticité et modernité (PAM), les citoyens de ces provinces doivent attendre des mois pour consulter un médecin ou se rendre dans des cliniques privées situées dans des villes comme Marrakech ou Ouarzazate.
Un plan de réformes ambitieux
Face à ces critiques, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, a présenté un plan de réformes structurant, s’appuyant sur la loi-cadre 06-22 adoptée en 2022. Parmi les mesures phares figurent :
- La construction de cinq nouveaux centres hospitaliers universitaires (CHU) dans des villes stratégiques comme Agadir, Tanger et Laâyoune, avec une capacité totale de 3.000 lits.
- La réhabilitation de 1.400 centres de santé de proximité, dont 800 déjà opérationnels, pour offrir des services de qualité même dans les régions reculées.
- L’ajout de 11.000 lits au système hospitalier public d’ici fin 2025 grâce à une enveloppe globale de 42 milliards de dirhams.
Ces investissements visent également à améliorer les conditions de travail des professionnels de santé pour limiter leur exode vers le secteur privé ou l’étranger.
Un défi de confiance
Malgré ces ambitions, le défi majeur reste de rétablir la confiance des citoyens dans un système public accessible et juste. En renforçant les infrastructures et en rééquilibrant les financements entre le public et le privé, le gouvernement espère garantir une justice sanitaire pour tous et réduire les inégalités qui minent le secteur depuis des décennies.
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