Le monde du cinéma est en pleine ébullition, et les conséquences de la crise peuvent être lourdes, non pas à cause de la fermeture des salles, mais plutôt de leur ouverture avec l’argent public.
Tout est parti d’une décision du Centre Cinématographique Marocain, avec l’approbation du ministère de la Culture et de la Communication, d’accorder une subvention de 12 millions de dirhams à une société privée, et à elle seule, sans contrepartie, créant ainsi un précédent.
L’heureux bénéficiaire n’est autre que le groupe de cinéma et de divertissement Cinerji, appartenant à un opérateur très ambitieux dans le domaine, Hakim Chagraoui.
Avec ses entrées, le téméraire homme d’affaires souhaite lancer une chaîne de plusieurs salles de cinéma, selon un nouveau concept, dans toutes les villes du Maroc, pour ressusciter le 7ᵉ Art et réinventer la culture cinématographique chez les jeunes.
Si la démarche et le projet sont nobles, utiliser l’argent du contribuable pour financer un projet privé reste une pilule difficile à avaler pour la concurrence, qui considère cette faveur comme un traitement scandaleux et inacceptable dans une économie libérale.
La subvention accordée à Cinerji et à son patron sera destinée à la construction de trois nouvelles salles de cette entreprise à Rabat, Casablanca et Marrakech, des villes déjà en difficulté.
Le prix élevé du ticket n’encourage guère le retour du public dans les salles, et le streaming continue d’accentuer le phénomène de désertion des cinémas, ce qui pousse à s’interroger sur la viabilité de ces nouveaux projets et sur l’ambition démesurée du ministre de tutelle, Mehdi Bensaïd, qui souhaite les encourager.
Jalil Nouri