Selon un récent rapport d’Oxfam, la richesse des élites fortunées au Maroc a connu une augmentation notable, atteignant 31,5 milliards de dollars en 2022. Une progression significative si l’on considère que leur fortune nette s’élevait à 28,6 milliards de dollars trois ans plus tôt, en 2019.
Mais derrière ces chiffres impressionnants se cache une réalité plus sombre pour le reste de la population marocaine. Le rapport, intitulé « Le fossé des inégalités au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », montre comment l’absence de taxation sur ces gains colossaux pèse lourdement sur les épaules des classes moyennes et populaires. En effet, en 2021, le coût total des incitations fiscales accordées au Maroc équivalait au budget national alloué à la santé pour toute l’année, mettant en lumière une évidente disparité des ressources.
Ces chiffres sont d’autant plus préoccupants que le Maroc est récemment confronté à d’énormes dépenses de reconstruction, estimées à 11,7 milliards de dollars, à la suite du récent tremblement de terre dévastateur de la région d’Al Haouz. Dans ce contexte, Oxfam propose la mise en place d’un impôt sur la fortune. Une telle mesure pourrait non seulement aider le Maroc à recueillir 1,22 milliard de dollars, mais aussi avoir des effets bénéfiques significatifs dans d’autres pays de la région, à l’image de l’Égypte, la Jordanie ou encore le Liban.
Mais au-delà de l’aspect financier, c’est toute la question des inégalités sociales qui est mise en exergue. La forte concentration de la richesse entre les mains de quelques-uns est symptomatique d’un malaise plus profond qui touche l’ensemble de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Des pays comme la Tunisie, la Jordanie ou le Liban voient également les fortunes de leurs élites s’accroître de manière vertigineuse, tandis que les dépenses publiques peinent à suivre, en particulier dans les secteurs clés tels que l’éducation et la santé.
De plus, le rapport d’Oxfam souligne un autre point inquiétant : la région est devenue un havre pour les grandes entreprises bénéficiant d’exonérations fiscales importantes. Alors que l’impôt sur le revenu ne représente que 2% du PIB dans ces pays, il atteint 8,31% dans les pays membres de l’OCDE.
En conclusion, ces données, bien que révélatrices d’une dynamique économique positive pour certaines élites, sont aussi le symptôme d’une inégalité croissante et profondément ancrée. Les gouvernements de la région sont confrontés à un défi majeur : comment assurer une redistribution équitable de la richesse et garantir le bien-être de tous leurs citoyens ? La mise en garde est claire : sans mesures adéquates, les inégalités pourraient continuer à se creuser, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour la cohésion sociale et la stabilité de la région.