L’épreuve de force est engagée entre les robes noires et le ministre de la justice, Ouahbi, chaque partie campant sur ses positions. Revigoré par son maintien dans le gouvernement après le remaniement, alors qu’il était pressenti pour être remplacé, contrairement aux autres ministres ayant échoué dans leurs dialogues avec les syndicats, tels que ceux de la santé et de l’enseignement supérieur qui ont été remerciés. Mais pas le tonitruant et entêté Ouahbi, lui-même avocat de profession, qui a décidé de faire passer en force ses réformes, sans consulter ni prêter la moindre écoute aux revendications des barreaux qui, à leur tour, ont décidé de le pousser dans ses derniers retranchements. Résultat : la paralysie est totale dans les tribunaux depuis ce vendredi.
Le système de justice est ainsi complètement bloqué puisque le gouvernement lui-même, pour des raisons politiques, n’ose pas intervenir. Les avocats ont été surpris par les changements opérés par Akhannouch au sein de son équipe, qui a opté pour le maintien de Ouahbi, soutenu par la direction de son parti et par le souci partagé avec les partenaires de la majorité de préserver les équilibres internes.
En conséquence, et devant ce choix incompréhensible, les citoyens seront les premiers à subir les conséquences de cette grève, avec un coût élevé en termes d’image écornée de la justice auprès des investisseurs étrangers, puisque les tribunaux de commerce n’échapperont pas à cette paralysie. Ira-t-on jusqu’à impliquer le médiateur du royaume pour trouver des solutions adéquates aux problèmes soulevés, comme cela avait été le cas avec succès pour l’interminable grève des étudiants en médecine, qui est maintenant sur la voie d’un règlement ?
En cas de détérioration de la situation à moyen terme, le départ du ministre Ouahbi deviendra inéluctable en cas d’arbitrage en haut lieu.
Par Jalil Nouri