Déjà bien dégradées avec les citoyens, les relations avec les cliniques privées, surtout les plus récentes d’entre elles, se sont nettement perturbées depuis l’arrivée de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), sur fond d’abus dans la facturation et de baisse de la qualité de service. Le nombre d’affaires devant la justice en est une preuve.
Avides de gains faciles et rapides, les cliniques privées optent désormais pour le quantitatif au détriment du qualitatif, renforçant leurs effectifs avec des médecins débutants tout en augmentant les facturations et en exigeant un paiement en espèces.
Ce ne sont certainement pas les inspections, souvent consécutives à des plaintes de familles de patients pour irrégularités et comportements inadmissibles, comme l’obligation de présenter des chèques de garantie avant toute admission, qui mettront fin à ce face-à-face tendu. Cette situation empoisonne au quotidien les relations entre malades et cliniques privées. Dans certains établissements, les décès répétés dus à des diagnostics erronés ou à des interventions chirurgicales maladroites ont contribué à leur mauvaise réputation, éloignant ainsi des patients qui préfèrent, dans le pire des cas, se tourner vers les hôpitaux publics malgré leur déclin ou, dans le meilleur des cas, vers les cliniques de la CNSS en phase d’amélioration.
Pour aggraver la situation, les tarifs des soins ont explosé, notamment pour des traitements comme les dialyses et les thérapies anticancéreuses de longue durée dans des cliniques bien établies et réputées, qui semblent échapper aux contrôles de la tutelle et du fisc. Ces établissements appliquent des grilles tarifaires très éloignées des références officielles.
Évitant de passer des promesses aux actes et préférant les discours politiques, le nouveau ministre de la Santé ne semble guère différent de son prédécesseur. Ce dernier n’a en effet apporté aucune réforme significative du secteur privé, ni remis à plat des pratiques inciviques toujours en cours, au grand désarroi des malades, confrontés à des obstacles dès leur admission et bien après, dans des démarches judiciaires interminables pour faire valoir leurs droits.
Par Jalil Nouri
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