Sans prévenir, les auxiliaires des autorités, mokaddems, ont lancé, dans toutes les régions du Maroc, une vaste campagne de recensement obligatoire des commerces de proximité, sous toutes leurs formes. Ils exigent des commerçants des réponses précises, sous peine de sanctions administratives en cas de refus ou d’inexactitudes.
Officiellement présentée comme une démarche visant à actualiser la base de données des communes, cette opération est perçue par les commerçants comme le prélude à une lutte accrue contre l’informel et un moyen supplémentaire de vérifier l’exactitude des données fiscales. Pour l’instant, ce sont principalement les épiceries qui sont ciblées.
Tensions entre mokaddems et commerçants
Dès les premiers jours, des incidents ont été signalés, opposant des commerçants réticents aux mokaddems. Certains commerçants refusent de répondre, avançant l’absence du propriétaire des lieux, une situation fréquente. Face à ces refus, les agents de l’autorité n’hésitent pas à brandir la menace de fermeture, ce qui alimente les tensions.
Un recensement controversé
Cette initiative soulève des interrogations : le fisc ne disposerait-il pas d’autres moyens, moins agressifs, pour mettre à jour sa base de données ? Beaucoup redoutent que cette opération ne soit qu’un prétexte pour intensifier les contrôles fiscaux et qu’elle ne favorise, dans certains cas, des pratiques de corruption.
De plus, la manière abrupte dont les mokaddems interviennent auprès des commerçants, souvent en pleine transaction, donne à cette opération un air de déjà-vu. Elle rappelle en effet les années 90, lorsque le Maroc avait traversé une longue période de paralysie économique, suite à une brutale campagne d’assainissement menée par le ministre de l’Intérieur, Driss Basri. Une époque encore vivace dans les mémoires, qui avait marqué l’histoire du pays.
Par Jalil Nouri
Recenser les commerces de proximité n’a rien avoir avec ce qui s’est passé lors de la campagne d’assainissement des années 99.
Arrêtez de faire des amalgames.