La rentrée politique 2025-2026 sera, à n’en point douter, la plus difficile du mandat du chef du gouvernement Aziz Akhannouch, à un an de son expiration au plus tard. Un avenir qu’il n’envisage désormais qu’à travers une victoire de sa formation, le RNI, que les prévisions actuelles ne donnent pourtant pas gagnante.
Le premier obstacle à surmonter reste le maintien d’une majorité fragilisée. Ses alliés du PAM et de l’Istiqlal affichent de plus en plus des velléités d’indépendance, refusant d’assumer un bilan gouvernemental jugé incomplet, et préférant préparer individuellement les élections de 2026 sans porter les couleurs d’une coalition chancelante. Les tiraillements entre les trois partenaires se multiplient et pourraient, sous l’effet des tensions, faire éclater la majorité.
La seconde difficulté, plus inattendue, tient à l’élaboration et à la mise en œuvre du programme royal de réduction des disparités territoriales. Un chantier ambitieux dont Aziz Akhannouch ne pourra tirer de bénéfices politiques à court terme, tant les résultats demanderont du temps pour être visibles, et dont le financement fait déjà défaut. À moins d’un nouveau mandat, il lui sera difficile de capitaliser sur cette réforme structurante.
Sur le plan budgétaire, le projet de loi de finances laisse entrevoir une situation tendue. L’« argent de la guerre » se raréfie, et le chef du gouvernement sera contraint de réduire les dépenses publiques comme un « bon père de famille », en limitant la voilure et en adoptant une politique d’austérité. Entre remboursement des dettes auprès des institutions financières internationales et besoins sociaux pressants, l’exécutif devra gérer une équation particulièrement serrée.
Enfin, le climat social annonce une rentrée agitée : appels à la grève dans l’enseignement et la santé, contestation persistante sur la réforme des retraites, véritable bombe à retardement. Autant dire que cette rentrée politique ne sera pas de tout repos pour Aziz Akhannouch et son parti, pris dans l’étau des contraintes économiques, des tensions sociales et d’une coalition politique fragilisée.
Par Jalil Nouri