Pour ceux qui ont eu à emprunter l’avenue des FAR à Casablanca, les images sombres des démolitions d’habitations et des gravats sont devenues familières. Mais pour tous les autres, notamment les touristes étrangers, le spectacle des ruines et des biens abandonnés n’incite guère à apprécier les charmes de la ville, malgré ses nombreuses nuisances.
Est-ce bien là l’image que les décideurs souhaitent donner de la métropole ?
En effet, la lenteur des travaux de déplacement des habitants après leur évacuation, ainsi que la démolition de leurs habitations, donne l’impression d’un chantier figé, laissé à l’abandon. Le projet de la future « Avenue Royale », voulu par le Roi, traîne depuis des décennies. À chaque tentative de relance, l’espoir d’un tournant décisif pour l’avenir renaît, mais il est systématiquement douché par une accumulation de mauvais choix.
Ce chantier, dont le déroulement relève d’une véritable Arlésienne – entre « viendra » et « viendra pas » – connaît les pires affres d’une gestion chaotique. Les habitants, en attente d’un recasement hypothétique, pleurent leur sort. Ils se voient proposer une maigre « prime au départ » de 7 000 dirhams, mais refusent de quitter les lieux tant que les clés de l’appartement promis ne leur ont pas été remises.
Les saisons passent, les magasins ferment les uns après les autres, après les habitations. Mais le paysage, digne des conséquences d’un séisme, reste là, figé dans la poussière, les odeurs et l’oubli. Un centre-ville qui semble hanté par une malédiction urbaine et les démons de la précarité.
Par Jalil Nouri
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Un laissez aller qui provoque la discorde et trouble l’ordre publique. Aucun projet de rénovation comme s’ils voulaient effacer l’histoire et le belles années de CASABLANCA