À un an des prochaines échéances électorales, la vie politique nationale semble s’animer comme jamais. Mais à y regarder de plus près, ce regain d’activité ressemble davantage à une mise en scène bien huilée qu’à un véritable sursaut démocratique. Majorité et opposition confondues, les responsables politiques occupent l’espace public à la manière d’acteurs en quête de lumière, distribuant les rôles, improvisant les dialogues, et tenant à rester au centre du cadre, quitte à en oublier leur mission première : servir les citoyens.
Les tournées régionales se multiplient, les petites phrases fusent, les déclarations musclées rivalisent d’intensité. À travers les radios, les télévisions, la presse et surtout les réseaux sociaux, chaque acteur cherche à capter l’attention, à dominer la scène politique. Certains excellent dans la surenchère verbale, d’autres transforment leur quotidien ministériel en pré-campagne déguisée, utilisant parfois les moyens de l’État pour promouvoir leur parti et formuler des promesses qu’ils ne tiendront jamais.
Ce jeu de rôles, où la sincérité se dispute à l’hypocrisie, donne lieu à des scènes dignes des meilleures tragédies : des adversaires s’invectivent en public, s’embrassent en coulisses, puis se retrouvent dans les salons feutrés pour négocier les prochaines alliances, oubliant les coups bas et les invectives de la veille. Les spectateurs ? Les citoyens, souvent lassés, parfois dupés, qui assistent à ce théâtre avec un sentiment mêlé d’amusement et de désillusion.
À l’approche du scrutin, les masques tombent, les ambitions se révèlent, les trahisons aussi. Prêts à tout pour conserver ou conquérir le pouvoir, certains politiciens n’hésitent pas à renier leurs convictions — quand ils en ont — pour rejoindre des formations idéologiquement opposées. Opportunisme, arrivisme, duplicité : la scène politique ressemble de plus en plus à un plateau de cinéma, où chacun joue son rôle, jusqu’au dernier acte.
Par Salma Semmar
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