Pour la première fois dans l’histoire politique du Royaume, les jeunes Marocaines et Marocains de moins de 35 ans pourront se présenter à titre indépendant aux élections législatives prévues en septembre 2026, en bénéficiant d’un financement public couvrant jusqu’à 75 % de leurs frais de campagne. Une réforme majeure qui vise à ouvrir les portes du Parlement à une génération longtemps cantonnée au rôle de spectatrice de la vie politique.
Dans un contexte marqué par la défiance citoyenne, l’abstention persistante et un certain essoufflement du renouvellement des élites, l’entrée des jeunes pourrait insuffler un souffle nouveau au débat public. Mieux connectés aux réalités du terrain, à l’économie numérique, aux défis environnementaux et sociaux, ces futurs députés peuvent incarner une parole plus directe, plus ancrée dans les besoins quotidiens des Marocains : emploi, éducation, logement, entrepreneuriat ou encore mobilité.
Mais l’accès au Parlement ne saurait se limiter à une simple opportunité générationnelle. Les jeunes élus devront impérativement faire preuve de maturité politique, de capacité d’écoute, de rigueur et surtout d’assiduité dans le travail parlementaire. Être député ne signifie pas seulement siéger, mais aussi contrôler l’action gouvernementale, proposer des textes de loi, participer aux commissions et défendre efficacement les intérêts de sa circonscription. Autant d’exigences qui réclament formation, encadrement et sens aigu des responsabilités.
La question de l’âge minimal continue toutefois de susciter le débat. Certains estiment qu’à 20 ans, la charge d’un mandat national peut s’avérer disproportionnée face à l’expérience requise, suggérant qu’un seuil de 30 ans aurait été plus adapté. D’autres défendent au contraire l’idée que la compétence ne se mesure pas uniquement à l’âge, mais à l’engagement, à la formation et à la capacité à servir l’intérêt général.
Cette réforme de rajeunissement de la vie parlementaire constitue indéniablement une avancée démocratique. Reste à savoir si elle s’inscrira durablement dans la pratique comme un véritable levier de renouvellement politique, ou si elle demeurera une expérience éphémère, sans impact profond sur les méthodes et la substance du débat parlementaire.
Par Salma Semmar
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