Dans son édition de juillet 2025, le prestigieux magazine américain Forbes a publié sa liste annuelle des milliardaires, confirmant une stabilité notable au sommet de la richesse marocaine. Sans grande surprise, les trois figures emblématiques de la scène économique nationale conservent leurs positions, reflétant une relative solidité du tissu financier du Royaume, malgré les turbulences économiques internationales.
En tête du classement marocain, le doyen du monde des affaires, Othman Benjelloun, 92 ans, trône toujours avec une fortune estimée à 1,6 milliard de dollars. Fort de son empire bancaire Bank of Africa, présent dans plus de 20 pays africains, Benjelloun continue d’incarner la résilience et l’adaptation dans un contexte de mondialisation financière. Sa success story, née d’un héritage familial dans les assurances (RMA), s’est consolidée à travers FinanceCom, sa société holding aux ramifications diversifiées, notamment dans les télécommunications.
Partageant le sommet avec Benjelloun, Anas Sefrioui, fondateur de Groupe Addoha, reste incontournable avec une richesse équivalente de 1,6 milliard de dollars. Ce promoteur immobilier de 68 ans, pionnier des logements sociaux au Maroc, a su tirer parti des politiques publiques pour élargir son empire à travers les grandes métropoles du Royaume, apportant une réponse concrète à la crise du logement, tout en bâtissant sa fortune.
À la troisième place, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, affiche une fortune estimée à 1,5 milliard de dollars. Son conglomérat familial, Akwa Group, est un pilier stratégique dans l’énergie, le gaz et la chimie, avec des sociétés cotées en bourse comme Afriquia Gaz et Maghreb Oxygène. Cette position illustre l’enchevêtrement complexe entre sphères politique et économique au Maroc.
Sur le plan mondial, la domination est écrasante du côté des titans technologiques. Elon Musk reste l’homme le plus riche de la planète avec 342 milliards de dollars, suivi de Mark Zuckerberg (216 milliards) et Jeff Bezos (215 milliards). Le trio domine des secteurs futuristes : mobilité électrique, spatial et intelligence artificielle.
Forbes signale un record de 3 028 milliardaires en 2025, avec une richesse globale atteignant 16,1 trillions de dollars. Cette dynamique reflète un capitalisme mondialisé ultra-concentré, laissant peu de place à l’émergence de nouveaux acteurs dans certains pays.
Au Maroc, cette concentration des richesses dans les mêmes mains soulève des interrogations. Où sont les nouveaux milliardaires ? Les start-uppeurs ? Les innovateurs de rupture ? L’absence de figures émergentes laisse penser à un écosystème économique encore peu propice à l’ascension de nouveaux profils. Si la stabilité inspire la confiance, elle peut aussi figer la mobilité sociale ascendante.
Dans le contexte marocain, la liste Forbes n’est pas qu’un palmarès. C’est un miroir des dynamiques de pouvoir, des convergences entre finance et gouvernance, et un indicateur du chemin qu’il reste à parcourir pour un développement plus inclusif. L’enjeu désormais est clair : ouvrir le haut de la pyramide à de nouvelles figures, issues de l’entrepreneuriat, de la technologie ou de l’innovation verte, capables d’incarner l’avenir économique du Royaume.