Une fois n’est pas coutume, les partis politiques sont vite sortis de leur torpeur pré-électorale pour se manifester auprès de l’opinion publique et des électeurs en applaudissant la décision du roi Mohammed VI d’inciter les familles marocaines à se dispenser de procéder au sacrifice du mouton cette année, en raison de plusieurs facteurs économiques. Il est rare que les formations fassent preuve d’unanimité sur un sujet aussi rapidement, en raison du consensus sur cette question dans toute la société.
L’un après l’autre, partis de la majorité comme de l’opposition se sont lancés dans une campagne d’adhésion à cette mesure, sur laquelle ils ne s’étaient jamais prononcés avant le message royal, préférant se cantonner dans une position attentiste pour ne pas réveiller la colère contre l’inflation et l’augmentation effrénée du coût de la vie, et éviter de se mettre à dos les partisans de la tradition de la fête du sacrifice. En d’autres termes, ils ont choisi d’éviter les sujets qui fâchent en cette période de crise.
Dans leurs rares arguments, et comme s’ils s’étaient inspirés les uns des autres, tous se sont contentés de reprendre mot pour mot le contenu du message lu au nom du roi par le ministre des Affaires islamiques et des Habous, en y ajoutant quelques justificatifs sur la nécessité de préserver le cheptel et de ne pas aggraver sa crise. Il faut bien reconnaître que cette habitude typique de la vie politique marocaine reflète un manque d’anticipation, puisqu’il était pratiquement acquis que la fête serait déconseillée cette année.
Reste que, pour éviter les trois expériences précédentes similaires en 1961, 1984 et 1996, où une grande partie des familles marocaines avaient passé outre la recommandation royale de s’abstenir d’égorger les bêtes – réduisant ainsi à néant les efforts de préservation du bétail pour la reproduction après des années de sécheresse –, les formations politiques auraient pu se distinguer en appelant les citoyens à respecter l’appel royal de cette année.
Par Jalil Nouri