Est-ce le début d’une crise profonde et sans issue, remettant en cause l’avenir des pharmacies, à en juger par le climat de colère persistant qui secoue le secteur ?
Tout porte à le croire, puisque les professionnels appellent à lancer une série d’actions pour marquer leur opposition au projet de décret relatif aux modalités de fixation des prix des médicaments. S’il venait à être adopté en l’état, ce texte risquerait de ruiner leur activité, déjà fragilisée par des frais d’exploitation élevés et une gestion complexe.
Un premier rassemblement est prévu mardi prochain devant le ministère de la Santé et de la Protection sociale, à Rabat. Les pharmaciens espèrent être reçus par les représentants de leur confédération syndicale afin d’engager un débat constructif et apaisé, sans arrière-pensées ni d’un côté ni de l’autre.
Ils considèrent que la réforme des prix du médicament constitue le défi le plus grave auquel leur profession ait été confrontée. Attachés à leur mission de service public auprès du citoyen, ils affirment que leurs officines, qui se comptent par milliers, sont tout simplement menacées de fermeture. Selon eux, le décret ne prend en compte que les barèmes des prix de vente, en négligeant les mesures d’accompagnement nécessaires pour préserver un équilibre entre leurs intérêts et ceux des patients.
Pire encore, ils dénoncent l’absence totale de concertation tout au long du processus ayant conduit à cette politique majeure du médicament. « C’est comme si nous ne faisions pas partie de l’équation », résument-ils, estimant que leur statut, leur rôle économique et leur avenir sont niés.
Face à ces griefs, le point de vue du ministère apparaît difficilement conciliable avec celui des pharmaciens. De quoi nourrir la crainte d’assister, dans un avenir proche, à une véritable crise du médicament.
Par Jalil Nouri
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