Dans un jugement historique, le tribunal de Nouakchott a condamné lundi l’ex-président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz à une peine de cinq ans de prison ferme. Jugé depuis janvier 2023, Aziz a été reconnu coupable d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent, abusant de son pouvoir pour amasser une fortune considérable.
Depuis le 25 janvier, Aziz comparaissait aux côtés de dix autres personnalités de haut rang, incluant deux anciens Premiers ministres, pour des accusations d’enrichissement illicite, abus de fonction, trafic d’influence et blanchiment. Après des délibérations à huis clos, seuls les chefs d’enrichissement illicite et de blanchiment ont été retenus contre lui.
La cour a également ordonné la confiscation des biens acquis illégalement et déchu Aziz de ses droits civiques. À 66 ans, il devient l’un des rares ex-chefs d’État africains condamnés pour des crimes financiers. Ses précédents jugements par les justices nationale ou internationale concernaient surtout des crimes de sang, à l’image de l’ancien dictateur guinéen Moussa Dadis Camara.
Cette sentence marque un tournant pour Ould Abdel Aziz, détenu depuis le 24 janvier 2023, après une première période de détention en 2021. Son successeur, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ancien compagnon et partenaire dans le coup d’État de 2008, a pris ses distances depuis l’accession au pouvoir.
Surprenant rebondissement lors du procès, l’ex-président a accusé Ghazouani de lui avoir remis deux valises remplies de millions d’euros juste après son élection en 2019. Une accusation rejetée par Aziz comme faisant partie d’un complot visant à l’évincer de la scène politique. Son successeur a nié toute ingérence.
Ould Abdel Aziz a dirigé la Mauritanie, un pays charnière entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, jusqu’en 2019. Sous sa gouvernance, le pays a connu une stabilité relative, malgré un passé marqué par les coups d’État et les agitations jihadistes.
Les enquêteurs estiment que l’ex-président a accumulé un patrimoine de 67 millions d’euros durant ses années au pouvoir. Le procureur avait requis une peine de vingt ans de prison et la confiscation de ses biens, mais la cour a opté pour une peine moins sévère.