Le parquet de Lille a officialisé, lundi 22 décembre 2025, la chute d’un vaste réseau de narcotrafic soupçonné d’avoir fait transiter cocaïne et résine de cannabis via plusieurs ports normands, avant d’alimenter notamment la métropole rouennaise et le nord de la France. L’annonce vient clore une enquête au long cours, ouverte en 2022, et menée pendant trois ans entre filatures, interceptions et coopération internationale.
Au cœur du dossier, un homme présenté comme la tête pensante de l’organisation. Repéré au Maroc, il a été interpellé à Casablanca le 22 février 2025, puis extradé vers la France en septembre. Mis en examen pour dix infractions, dont association de malfaiteurs et blanchiment aggravé, il est soupçonné d’avoir coordonné l’acheminement de résine de cannabis depuis le Maroc et de cocaïne depuis la Colombie, en s’appuyant sur des relais capables d’écouler la marchandise bien au-delà de la Normandie. Le parquet évoque notamment des connexions établies avec des trafiquants basés à Marseille, pour une distribution à l’échelle nationale.
L’enquête révèle une mécanique sophistiquée, où la mer et les quais devenaient des zones d’opérations. D’abord pilotée par la police judiciaire de Rouen, puis reprise par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille, l’instruction a mis en lumière l’utilisation des ports du Havre, de Moulineaux (Rouen) et de Dunkerque comme portes d’entrée. Pour “sortir” les produits des terminaux, le réseau se serait appuyé sur des complicités internes : des dockers auraient fourni des informations précises sur les mouvements de conteneurs, permettant d’intervenir au bon moment, sans éveiller les soupçons.
Autre procédé identifié : le “drop-off”, une technique consistant à larguer la marchandise en mer, puis à la récupérer rapidement à l’aide d’embarcations, contournant ainsi certains contrôles portuaires. Des méthodes qui traduisent une professionnalisation croissante des filières et une capacité d’adaptation permanente face à la pression policière.
Les saisies donnent la mesure du trafic : 183 kilos de cocaïne découverts dans un conteneur en juin 2023, puis près d’une tonne et demie récupérée après un largage en mer quelques mois plus tard. Outre le suspect extradé, neuf autres personnes ont été mises en examen, dont trois dockers, dans un dossier qui illustre une nouvelle fois l’enjeu stratégique des ports dans la lutte contre les stupéfiants.
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