En pleine lancée dans la politique des grands chantiers d’infrastructures comme accélérateur de développement dans le cadre de la co-organisation de la Coupe du monde de football 2030, le Maroc pourrait voir les gains de ce projet partir en fumée à cause des incivilités et comportements condamnables pouvant porter préjudice à l’image du pays. Ce soft power, autre chantier confié à cet événement, pourrait en souffrir, voire être privé de son rayonnement, réduisant à néant la politique de communication envisagée.
Car l’image du pays, si les actes irresponsables ne sont pas combattus, peut en souffrir dramatiquement. Dans ce cas, le secteur du tourisme tout entier pourrait en payer les frais sur le long terme et voir anéanties ses ambitions ainsi que ses promesses d’avenir.
Un riche voyeur louant ses propriétés à Marrakech en les dotant de caméras cachées pour assouvir ses fantasmes sur les images de ses clients dans leurs moments intimes, un motocycliste mettant sa main sur les fesses d’une femme dans l’espace public, les vols à l’arrachée avec agression physique, les arnaques dans les bazars, les faux mendiants et l’anarchie dans la circulation ne sont pas les meilleurs clichés que l’on peut donner d’un Maroc en pleine transformation.
Si la sécurité est omniprésente, son rôle restera insuffisant si le chantier du civisme n’est pas mené. Si les démolitions dans le cadre de l’habitat insalubre sont une politique louable lorsqu’elles sont menées dans les règles et dans le respect des biens des citoyens pour un meilleur aspect de nos villes, ce travail et tous ces efforts seront réduits à néant si l’image générale du pays reste ternie par le manque d’hygiène, le manque de politesse, l’indiscipline des chauffeurs, un affichage 4 par 3 anarchique cachant des paysages pittoresques, des transports aléatoires, des snacks et restaurants servant des produits avariés, des hôtels avec un personnel improvisé et une propreté douteuse, ainsi que des arnaques et des harcèlements à chaque coin de rue…
Si ce vaste chantier est aussi important que la construction des stades, il faudra bien s’en charger, d’autant plus que la toute nouvelle Fondation 2030 en dispose des moyens et des prérogatives. Alors, à quand un sursaut salvateur ?
Par Jalil Nouri