Les nombreux Marocains installés dans la région de l’Andalousie et ailleurs en Espagne ont, une fois de plus, les nerfs à vif, après avoir été aux prises, depuis plusieurs semaines, avec des groupes de l’extrême droite espagnole menant de véritables « chasses aux Moros », un terme péjoratif désignant les Marocains d’Espagne, dans le cadre de violentes expéditions punitives visant parfois même des familles entières.
Cette appellation n’a jamais autant fleuri que ces derniers temps dans différentes régions du pays, en particulier en Andalousie, pourtant liée par l’histoire à un destin commun avec les musulmans. À Murcie notamment, où vit une importante communauté marocaine travaillant durement dans le secteur agricole, certains se voient aujourd’hui privés de prières collectives, dans un climat de plus en plus hostile.
Les nombreux incidents qui ont suivi l’agression d’un homme âgé par un Marocain ont laissé des cicatrices ouvertes, loin de se refermer. Et pour cause : ce climat délétère vient de connaître un nouveau pic avec la décision de la municipalité de Jumilla d’interdire les rituels des fêtes musulmanes ainsi que les prières collectives dans tous les espaces publics et salles municipales. La justification invoquée ? Éviter les provocations et incidents regrettables.
Or, cette mesure, contraire à la Constitution espagnole, est appelée à être dupliquée dans plusieurs villes dirigées par la droite ou l’extrême droite, comme c’est déjà le cas à Jumilla. L’annonce y a provoqué une colère généralisée parmi les musulmans d’Espagne, habitués aux prières nocturnes et collectives, notamment pendant le mois de Ramadan.
Si le gouvernement espagnol n’intervient pas rapidement pour annuler cette décision discriminatoire, la paix sociale pourrait en pâtir lourdement.
Par Jalil Nouri