Le verdict est tombé dans l’une des affaires de corruption judiciaire les plus retentissantes de ces dernières années. La Cour d’appel de Rabat a rendu jeudi dernier son jugement dans le dossier dit de la « vente de jugements » à la Cour d’appel de Tétouan, condamnant 16 prévenus, parmi lesquels figurent magistrats, avocats, notaires, hommes d’affaires et fonctionnaires.
Au cœur de ce réseau de manipulation des décisions judiciaires, le juge R.H., principal accusé, a écopé de trois ans de prison ferme. Son collègue, le juge A.M., a été condamné à deux ans, dont un an avec sursis. Trois avocats, K.J. et J.B. du barreau de Tétouan, ainsi que K.H. du barreau d’El Jadida, ont été condamnés à deux ans de prison ferme. Un avocat du barreau de Casablanca a reçu deux ans avec sursis, tandis qu’un autre, A.T., a été sanctionné de six mois avec sursis. Le notaire T.H., basé à El Jadida, a également été condamné à deux ans avec sursis.
Parmi les personnalités impliquées figure aussi l’homme d’affaires A.N., surnommé le « propriétaire de la Lamborghini », condamné à un an de prison ferme. En revanche, l’avocat Y.D. et le fonctionnaire N.Y. ont été acquittés.
Le scandale a éclaté en novembre 2023, lorsque l’ex-épouse du juge R.H. a transmis aux autorités judiciaires des enregistrements audio accablants, révélant un système de pots-de-vin échangés contre des manipulations de jugements. L’affaire a été instruite par la Brigade nationale de la police judiciaire, sous la supervision du parquet financier de Rabat. Le dossier met en lumière l’existence d’un réseau structuré, poursuivi pour corruption, abus de pouvoir et organisation criminelle visant à fausser la justice au profit d’intérêts privés.
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