Alors que les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE) atteignent des niveaux records, dépassant les 108 milliards de dirhams à fin novembre 2024 et devant franchir le cap des 110 milliards d’ici la fin de l’année, l’Union européenne s’apprête à prendre une directive qui risque de freiner ces flux financiers.
Selon le quotidien Assabah, les autorités européennes cherchent à restreindre les canaux bancaires marocains opérant en Europe, une mesure qui pourrait considérablement compliquer les transferts des MRE vers le Maroc.
Une volonté de limiter l’influence des banques marocaines en Europe
Depuis plusieurs années, les banques marocaines se sont implantées en Europe pour assurer une proximité avec la diaspora marocaine et lui offrir des solutions simples et avantageuses pour envoyer de l’argent au pays. Présentes dans sept pays européens, ces filiales bancaires jouent un rôle stratégique dans la fluidité des transactions financières entre les MRE et le Maroc.
Cependant, cette régularité et l’ampleur des envois de fonds semblent irriter les banques européennes, qui voient d’un mauvais œil ces importants transferts de capitaux vers l’extérieur du continent. L’Union européenne envisage donc une circulaire interdisant aux banques étrangères, y compris marocaines, d’offrir des services bancaires aux résidents des pays membres. Une telle mesure impacterait directement les banques marocaines implantées en Europe et leur clientèle MRE, qui devra alors chercher d’autres alternatives pour envoyer de l’argent au Maroc.
Une décision motivée par des intérêts économiques et bancaires
L’Union européenne justifie cette future directive par une augmentation significative des transferts de fonds des résidents étrangers vers leurs pays d’origine. En d’autres termes, les capitaux envoyés en dehors de l’UE par les travailleurs immigrés sont perçus comme une perte économique pour les pays européens.
De leur côté, les autorités bancaires marocaines, notamment Bank Al-Maghrib, avec le soutien du ministère des Affaires étrangères, ont entamé des négociations avec les banques centrales européennes afin de limiter l’impact négatif de cette directive sur l’économie marocaine et les transferts des MRE.
Un enjeu stratégique pour l’économie marocaine
Les transferts des MRE constituent une manne financière essentielle pour le Maroc, représentant une source importante de devises étrangères et un soutien majeur pour de nombreuses familles marocaines. En 2023, ces envois de fonds avaient déjà atteint un niveau record, confirmant le rôle clé de la diaspora marocaine dans l’économie nationale.
Si cette directive venait à être appliquée, elle impliquerait un bouleversement des circuits financiers pour des millions de Marocains à l’étranger. En plus de ralentir les transferts de fonds, elle risquerait de rendre les transactions plus coûteuses et plus complexes, forçant les MRE à explorer d’autres solutions comme les services de transfert indépendants ou les plateformes numériques.
L’avenir de cette directive dépendra des négociations en cours entre les autorités marocaines et européennes. Mais une chose est certaine : les MRE et les banques marocaines se retrouvent aujourd’hui face à un défi de taille, qui pourrait redessiner les flux financiers entre l’Europe et le Maroc dans les années à venir.
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