Vendredi soir, le marché de Noël de Magdebourg, en Allemagne, a été le théâtre d’un drame effroyable. Un véhicule a foncé sur la foule, causant la mort de 5 personnes, dont un enfant de 9 ans, et blessant plus de 200 autres, parmi lesquelles 40 se trouvent dans un état critique. Le conducteur présumé, Taleb Jawad al-Abdulmohsen, un médecin saoudien de 50 ans, a été arrêté sur place. Cette attaque suscite une onde de choc à travers le pays et soulève des questions sur la gestion sécuritaire du gouvernement allemand.
Des signaux d’alerte négligés
Selon le Der Spiegel, les services secrets saoudiens avaient alerté les autorités allemandes, il y a un an, sur les risques posés par al-Abdulmohsen. Ses publications sur les réseaux sociaux, où il menaçait l’Allemagne de représailles pour son prétendu manque de protection envers les réfugiés saoudiens, avaient pourtant été ignorées. Dans l’un de ses tweets, il affirmait que l’Allemagne paierait un « lourd prix ».
En août dernier, il écrivait : “Existe-t-il une voie vers la justice en Allemagne sans faire exploser une ambassade allemande ou égorger au hasard des citoyens allemands ?” Malgré ces propos alarmants, une évaluation menée par la police allemande avait conclu qu’il ne présentait pas de “danger particulier”.
Taleb Jawad al-Abdulmohsen était déjà connu pour des comportements agressifs. En 2013, il avait été condamné pour des menaces et des troubles à l’ordre public. Sa réputation dans la communauté saoudienne exilée en Allemagne était également effrayante, la présidente du Conseil central des anciens musulmans, Mina Ahadi, le décrivant comme un « psychopathe complotiste ».
Une administration pointée du doigt
L’attaque de Magdebourg ravive les tensions politiques en Allemagne, notamment sur la question de la sécurité et de l’immigration. L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), un parti d’extrême droite, a demandé une session extraordinaire de la chambre des députés pour débattre de ce qu’il qualifie de “situation sécuritaire catastrophique”. Alice Weidel, cheffe de file de l’AfD, a critiqué “l’impéritie de l’administration”, affirmant que l’attaque aurait pu être évitée si les signaux d’alerte avaient été pris au sérieux.
De son côté, Sahra Wagenknecht, leader du parti de gauche radicale BSW, a demandé au gouvernement d’expliquer “pourquoi un si grand nombre de mises en garde ont été ignorées”.
Un choc national et un appel à l’unité
Le chancelier Olaf Scholz s’est rendu à Magdebourg pour rendre hommage aux victimes. Dans une déclaration, il a exhorté les Allemands à “se serrer les coudes” face à cette tragédie. Pourtant, cet appel à l’unité se heurte à la réalité d’un pays profondément divisé sur la gestion des migrations et de la sécurité.
Pour les habitants de Magdebourg, la douleur est immense. Peter Havlik, un ingénieur à la retraite de 65 ans, déplore l’inaction des autorités : “Le gouvernement sait ce qu’il doit faire, mais il ne fait rien.”
Une tragédie évitable ?
L’attaque de Magdebourg met en lumière les lacunes des dispositifs de surveillance et de prévention. Le bilan humain, déjà lourd, pourrait encore s’alourdir. Alors que les enquêtes se poursuivent, cette tragédie relance le débat sur la sécurité en Allemagne et sur l’équilibre entre vigilance et respect des libertés individuelles.