Un tournant judiciaire historique s’est produit samedi en Syrie avec l’émission d’un mandat d’arrêt par contumace contre l’ancien président Bachar el-Assad. Cette décision de la justice syrienne s’inscrit dans le cadre des accusations portées contre le dirigeant déchu concernant les événements tragiques qui ont secoué la ville de Deraa en novembre 2011.
Le juge d’instruction numéro sept de Damas, Toufiq Al-Ali, a confirmé à l’agence « SANA » que ce mandat d’arrêt comprend des chefs d’accusation particulièrement graves incluant homicide volontaire, torture ayant entraîné la mort et privation de liberté. Cette procédure judiciaire ouvre désormais la voie à une diffusion internationale du mandat via Interpol, permettant ainsi une poursuite de l’affaire à l’échelle mondiale.
Le magistrat a précisé que cette mesure judiciaire fait suite à une plainte déposée par les familles des victimes des tragiques événements de Deraa survenus le 23 novembre 2011. Cette initiative s’ajoute aux démarches judiciaires internationales déjà entamées, notamment par la France qui avait émis début septembre dernier sept mandats d’arrêt visant d’anciens responsables syriens, dont Bachar el-Assad, dans le cadre d’un attentat ayant visé un centre de presse à Homs en 2012 et causé la mort de deux journalistes.
Les événements de Deraa de novembre 2011 marquent une escalade dramatique dans la série de manifestations qui avaient embrasé la Syrie depuis mars de la même année. Les forces sécuritaires et militaires avaient répondu à ces manifestations par une répression d’une violence extrême, provoquant de nombreuses victimes civiles et alimentant le cycle de violence qui a ravagé le pays pendant plus d’une décennie.
Le contexte politique actuel confère une dimension particulière à cette décision judiciaire, survenant après que l’opposition armée syrienne, menée par Ahmed al-Sharaa, ait pris le contrôle de la capitale Damas le 8 décembre 2024. Cette victoire militaire a permis aux forces d’opposition de s’emparer des leviers de l’État et de proclamer la chute du régime de Bachar el-Assad, contraint à l’exil après des combats acharnés d’une douzaine de jours dans les campagnes d’Alep et d’Idleb.
La nouvelle administration syrienne, installée depuis le 31 janvier 2025, a annoncé plusieurs décisions majeures qui témoignent de sa volonté de rupture avec l’ancien système et d’établissement d’un nouvel ordre politique dans le pays.