Symbole de joie et d’union, les fêtes de mariage au Maroc traversent une période de transformation profonde. L’inflation galopante et la crise économique qui pèse sur les ménages imposent une sobriété nouvelle. Finies les cérémonies extravagantes aux budgets démesurés : la tendance est désormais à la retenue, à la discrétion et aux célébrations dans un cadre familial restreint.
Hormis les familles fortunées, qui continuent d’organiser des noces fastueuses dans les palaces de Marrakech ou dans les villas huppées de Rabat et Casablanca, la majorité des mariages adoptent un format plus modeste. Les menus, la décoration, la durée des fêtes, tout est désormais ajusté à un pouvoir d’achat en baisse. Une réalité particulièrement visible en été, saison des mariages par excellence, qui ne fait plus autant rêver qu’autrefois.
Ce changement de cap a des répercussions lourdes sur tout un écosystème professionnel. Les traiteurs, autrefois débordés pendant les périodes estivales, peinent à remplir leur calendrier. Les orchestres, DJs, « neggafates » — ces expertes chargées de sublimer la mariée — voient leur activité fondre comme neige au soleil. La nostalgie des années dorées, où les mariages s’étendaient sur plusieurs jours dans l’opulence et la liesse, est palpable chez tous les acteurs du secteur.
Au-delà de la déception économique, c’est un pan de la culture marocaine qui semble s’effacer, du moins temporairement. Certains redoutent une disparition progressive de ces célébrations spectaculaires, tandis que d’autres y voient une pause conjoncturelle, un retour à la simplicité dicté par les circonstances, mais non définitif.
Car au fond, le rêve d’un mariage mémorable et grandiose reste bien vivant. Nombre de familles continuent d’y croire, quitte à s’endetter pour offrir à leurs enfants « le plus beau jour de leur vie ». Cette résilience émotionnelle pourrait bien être le ferment d’un rebond futur… quand l’économie suivra à nouveau.
Par Salma Semmar