Maroc 2030 : entre vitrines et vérités, un pays à l’épreuve du Mondial

En 2030, le Maroc coorganisera pour la première fois de son histoire la Coupe du Monde de football, aux côtés de l’Espagne et du Portugal. Un événement planétaire, mais aussi un test de maturité nationale, tant pour les infrastructures que pour les services, l’image du pays, et la cohésion sociale.

À cinq ans de l’échéance, les regards sont déjà tournés vers le Royaume, qui ambitionne non seulement de réussir sur le plan sportif et logistique, mais également de poser les jalons d’un Maroc nouveau, durable, inclusif et influent.

Des infrastructures modernes… et durables ?

Le premier chantier visible est celui des infrastructures sportives, routières, ferroviaires, hôtelières et urbaines. De Rabat à Casablanca, de Fès à Agadir, les projets se multiplient : stades modernisés, routes élargies, tramways prolongés, nouvelles gares, aéroports optimisés.

Mais au-delà de la modernité, une question s’impose : ces équipements seront-ils pensés dans une logique de durabilité et d’utilité post-événement ? Les Marocains espèrent que ces investissements publics, souvent colossaux, profiteront aussi au quotidien des citoyens une fois les lumières du Mondial éteintes.

Des services à moderniser pour être à la hauteur

Accueillir des millions de visiteurs exige une administration agile, réactive, efficace. L’expérience d’un touriste commence à la douane et se poursuit dans les taxis, les hôtels, les restaurants, les guichets d’information ou les hôpitaux. Il est donc impératif de :

• Simplifier les démarches administratives,

• Former les agents publics à l’accueil multilingue,

• Digitaliser les procédures,

• Et surtout, changer les mentalités dans la relation aux usagers.

Le secteur privé devra, lui aussi, faire un saut qualitatif, en misant sur le professionnalisme, l’hygiène, la ponctualité et le respect du client.

Un Maroc propre, sûr et inclusif

L’image d’un pays ne se résume pas à ses monuments. Elle se construit aussi dans ses rues propres, ses commerces honnêtes, ses espaces publics sûrs, et une atmosphère sociale apaisée.

Cela suppose de :

• Lutter efficacement contre la mendicité organisée, la délinquance, les arnaques touristiques, le harcèlement, et les nuisances.

• Renforcer la sécurité dans les transports et les lieux publics, sans tomber dans la surveillance excessive.

• Garantir l’accès aux personnes handicapées, avec des installations adaptées.

• Valoriser la diversité et la tolérance envers tous les visiteurs, sans distinction d’origine, de genre ou de religion.

Tourisme et hospitalité : la promesse d’un accueil exemplaire

Le Maroc bénéficie d’une réputation d’hospitalité légendaire. Mais cette réputation devra désormais se traduire dans les actes :

• Un personnel touristique formé, bien payé, parlant plusieurs langues,

• Des restaurants et hôtels aux normes d’hygiène internationales,

• Une chaîne logistique touristique cohérente, de l’aéroport à l’hôtel en passant par les transports, les guides et les excursions.

La qualité de l’accueil sera un facteur déterminant dans l’image que retiendront les visiteurs.

Un Mondial vert ou un mirage environnemental ?

Dans un monde de plus en plus sensible aux questions climatiques, la Coupe du Monde 2030 doit être écologiquement exemplaire. Cela signifie :

• Stades économes en énergie, recyclage des déchets,

• Transport public vert (bus électriques, vélo en libre-service),

• Protection des plages, oasis, montagnes et médinas face au tourisme de masse.

Un Mondial vert est possible, mais exige une volonté politique forte et des choix courageux.

Gouvernance, transparence et sécurité

Le succès du Mondial dépendra aussi de la bonne gestion des budgets publics, de la transparence des marchés, et de la prévention de toute forme de corruption. Le Maroc devra prouver qu’il est capable de gérer un événement mondial selon les standards de bonne gouvernance.

En parallèle, les enjeux de cybersécurité, lutte contre la désinformation, et de gestion des foules seront majeurs. Intelligence artificielle, big data et drones de surveillance seront appelés à jouer un rôle dans l’organisation fluide de l’événement.

Une diplomatie sportive et un rayonnement régional

La Coupe du Monde est une opportunité unique pour le Maroc d’affirmer son leadership africain et méditerranéen. Le Royaume pourra :

• Mettre en valeur son identité plurielle et ouverte,

• Promouvoir la culture, la gastronomie et l’artisanat marocains,

• Et surtout, renforcer le dialogue interafricain, en positionnant le Maroc comme pays-pont entre l’Europe, l’Afrique et le monde arabe.

Au-delà de 2030, un Maroc nouveau ?

La Coupe du Monde 2030 sera bien plus qu’un tournoi. Elle incarnera un moment de vérité pour le Maroc. Celui d’un pays en pleine mutation, appelé à rendre crédibles ses ambitions, à servir ses citoyens autant que ses visiteurs, et à bâtir un avenir durable pour les générations futures.

Serons-nous prêts ? Peut-être.
Mais la vraie question est : le Maroc de 2030 sera-t-il capable de rester à la hauteur… bien après le dernier coup de sifflet final ?