Depuis la visite d’État du roi Mohammed VI à Pékin en mai 2016 et la conclusion d’un partenariat stratégique, les relations maroco-chinoises ont connu une accélération remarquable, à la fois diplomatique, économique et commerciale. Les chiffres en disent long : entre 2016 et 2022, les échanges bilatéraux ont été multipliés par cinq pour atteindre 7,3 milliards de dollars, avant de dépasser 9,4 milliards l’an dernier. Dans le même temps, les exportations marocaines vers la Chine ont progressé à plus de 1,3 milliard de dollars, signe d’un rééquilibrage graduel.
Cette dynamique s’appuie sur un dialogue politique structuré. Les visites croisées de ministres et de hauts responsables (tourisme, commerce, affaires étrangères) ont débouché sur l’institutionnalisation d’un mécanisme de dialogue stratégique entre les deux diplomaties, à l’occasion de l’entretien de Nasser Bourita avec Wang Yi. Pékin a salué les initiatives royales à vocation continentale — Initiative atlantique et gazoduc Maroc–Nigeria — et voit dans le Royaume une porte d’entrée vers l’Europe et l’Afrique de l’Ouest.
Sur le terrain, la coopération prend corps. La Chine est premier partenaire commercial du Maroc en Asie de l’Est, et troisième partenaire du Royaume pour les importations et investissements. Près de 80 projets soutenus par des entreprises chinoises sont en cours dans l’industrie, la logistique, l’énergie ou les infrastructures, dans le sillage de l’adhésion marocaine à l’Initiative « la Ceinture et la Route » (mise en œuvre conjointe signée en 2022). Le volet santé s’est également densifié depuis la pandémie, avec l’approvisionnement en vaccins et des coopérations techniques.
Au plan géopolitique, Pékin accorde une attention accrue à l’Afrique. Le Maroc, fidèle à une diplomatie de diversification assumée, entretient des relations avancées à la fois avec les États-Unis, la Chine et la Russie. Dans ce contexte, le communiqué conjoint maroco-chinois rappelant l’attachement de Pékin à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des États est lu, à Rabat, comme un signal d’évolution possible de la position chinoise sur la question du Sahara marocain — à l’heure où plusieurs membres permanents du Conseil de sécurité soutiennent l’initiative d’autonomie.
Les prochains mois diront si cette trajectoire se traduit politiquement : éventuelle séquence diplomatique de haut niveau, nouvelles annonces d’investissements, et rendez-vous à l’ONU autour du Sahara. Quoi qu’il en soit, la crédibilité économique du partenariat et l’ancrage institutionnel du dialogue offrent un cadre propice à un saut qualitatif des relations maroco-chinoises.
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