Garantir la sécurité des élèves. C’est l’objectif affiché par le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, qui a instruit les académies régionales et directions provinciales d’encadrer la présence des élèves durant la pause de midi et les heures creuses. Dans une circulaire signée par le secrétaire général par intérim, le ministère relève que « certains élèves sont contraints de passer ces périodes en dehors de l’établissement, les exposant à de multiples risques susceptibles d’affecter leur sécurité, leur discipline et leurs performances scolaires ». D’où l’appel à maintenir, autant que possible, les élèves à l’intérieur des établissements.
Le dispositif prévoit l’aménagement d’espaces dédiés – salles polyvalentes, cours couvertes, bibliothèques – où pourront se dérouler des activités éducatives, culturelles et sportives. Objectif : offrir un cadre sûr, motivant et encadré, en particulier pour les élèves issus de milieux défavorisés ou résidant loin de leur établissement. Les équipes pédagogiques sont invitées à veiller à la sécurité physique et psychologique des apprenants et à prévenir tout comportement déviant. La note s’inscrit, selon le ministère, dans une stratégie plus large de lutte contre le décrochage et l’abandon scolaires, en améliorant la qualité de l’environnement d’apprentissage.
Au volet opérationnel, la circulaire insiste sur la « synergie d’actions » entre directions provinciales, collectivités territoriales, associations de parents d’élèves et acteurs de la société civile. Cette coordination est jugée essentielle pour mobiliser des ressources (surveillance, animation, restauration, hygiène) et assurer la pérennité du dispositif au-delà d’un simple effet d’annonce.
Reste une lecture plus politique qui circule dans l’opinion. Plusieurs observateurs y voient aussi une mesure de gestion de l’espace public scolaire, dans un contexte de mobilisation de la jeunesse – notamment liée aux manifestations du mouvement GenZ 212 observées depuis une dizaine de jours. Selon cette interprétation, maintenir les élèves à l’intérieur des établissements pendant les temps morts reviendrait, de facto, à limiter leur exposition à l’effervescence sociale et à prévenir des sorties collectives. Le ministère, lui, ne s’écarte pas de son argumentaire sécuritaire et pédagogique, avançant la protection des élèves et la continuité des apprentissages.
Au final, la circulaire ouvre un double chantier. Sur le fond, elle pose la question des moyens : encadrement, espaces, activités et restauration adaptés. Sur la forme, elle interroge la frontière entre protection de l’élève et encadrement des expressions sociales. Sa réussite tiendra autant à la logistique qu’à la confiance : celle des parents, des enseignants et des élèves, convaincus – ou non – que l’école reste d’abord un lieu d’apprentissage, de socialisation… et d’écoute.