Le Parlement marocain a récemment été le théâtre d’un débat houleux suite à la proposition du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD) visant à augmenter la taxe sur les alcools, incluant les vins, bières et spiritueux. Cette proposition intervient dans le cadre de la discussion sur la première partie du projet de loi de finances pour l’année 2024.
Lors de cette session, le député du PJD, Mustapha El Ibrahimi, a mis en avant les conséquences néfastes de la consommation d’alcool, citant des exemples de maladies graves comme la cirrhose du foie et divers cancers, pour justifier l’augmentation de la taxation. Il a aussi mentionné que la consommation annuelle d’alcool par habitant au Maroc atteint environ 24 litres, un chiffre qui justifierait, selon lui, une taxation accrue pour réduire la consommation et couvrir les coûts de santé publique associés.
Cependant, le gouvernement a rejeté cette proposition. La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a expliqué que les taxes actuelles sur les boissons alcoolisées sont déjà élevées, atteignant 74% pour la bière et 70% pour les vins et spiritueux. Elle a souligné que ces taux de taxation sont suffisants pour décourager la consommation excessive tout en évitant d’encourager le marché noir.
De son côté, le député du groupe parlementaire du Rassemblement National des Indépendants, Hicham Ait Mana, a critiqué l’approche du PJD, la qualifiant de populiste. Il a minimisé les chiffres avancés par El Ibrahimi, en soulignant que la consommation moyenne d’alcool par personne ne représentait pas un niveau alarmant.
D’autre part, le député du groupe Authenticité et Modernité, Aziz El Labbar, a soutenu l’amendement proposé par le PJD, plaidant pour une augmentation des taxes sur l’alcool afin de protéger la santé publique et de générer des revenus supplémentaires pour l’État. Il a également souligné que la majorité des consommateurs d’alcool au Maroc sont des citoyens marocains, contrairement à l’idée reçue que seuls les étrangers consomment de l’alcool.
La question de la taxation de l’alcool au Maroc soulève un débat qui va bien au-delà des aspects économiques et de santé publique, touchant aux profondes contradictions culturelles et religieuses de la société. La vente d’alcool, officiellement réservée aux non-musulmans, masque une réalité où une grande partie des consommateurs sont en fait marocains et musulmans. Cette situation rappelle d’autres paradoxes historiques, comme l’époque où les voyageurs marocains se voyaient allouer un montant dérisoire de 100 dirhams pour leurs dépenses à l’étranger, une somme insuffisante même pour un simple trajet en taxi de l’aéroport à la ville. L’heure est peut-être venue pour le Maroc de reconsidérer cette politique d’alcool, en reconnaissant la responsabilité individuelle et en mettant fin à une forme d’hypocrisie qui ne reflète plus les réalités sociales et culturelles actuelles du pays.
1 Comment
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Rachid
1 année il y a
L’alcool est excessivement cher au Maroc . Boire une bière à 10 euros dans un hôtel pour un touriste est étonnant pour ne pas dire plus le prix d’une bière est supérieur au salaire horaire moyen. L’´alcool est surtaxé et c’est contre productif.
L’alcool est excessivement cher au Maroc . Boire une bière à 10 euros dans un hôtel pour un touriste est étonnant pour ne pas dire plus le prix d’une bière est supérieur au salaire horaire moyen. L’´alcool est surtaxé et c’est contre productif.