Le Maroc engage une révolution silencieuse dans sa politique du médicament. Dans le cadre du Projet de loi de finances 2026, le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, a annoncé une réforme fiscale d’ampleur, avec une baisse pouvant atteindre 91 % des droits de douane sur 112 produits pharmaceutiques dès l’année prochaine. Une mesure présentée comme un levier stratégique pour faire baisser les prix, consolider la souveraineté sanitaire et soutenir la généralisation de la couverture médicale.
Concrètement, les droits appliqués à ces médicaments et matières premières passeront de 30 % à 2,5 %, un taux historiquement bas pour des molécules jugées essentielles. Lekjaa rappelle que ces droits ne représentent qu’une part marginale des recettes de l’État : l’enjeu n’est donc pas budgétaire, mais social et sanitaire. Il s’agit de réduire la facture pour les patients, d’alléger la charge des régimes d’assurance maladie et de sécuriser l’approvisionnement national.
Cette réforme s’inscrit dans la continuité de la restructuration amorcée en 2023 du chapitre 30 de la nomenclature douanière, avec des niveaux différenciés selon que les médicaments sont fabriqués ou non au Maroc. Au total, 308 DCI ont été réévaluées : 112 verront leurs droits chuter fortement, 10 bénéficieront d’ajustements partiels et 34 connaîtront une hausse destinée à protéger la production locale.
Le gouvernement insiste toutefois sur un point clé : la baisse des droits de douane devra effectivement se traduire sur les prix au public. L’Agence marocaine du médicament et des produits de santé sera en première ligne pour encadrer cette transition et veiller à ce que cette réforme, présentée comme un « choix stratégique majeur », fasse réellement de l’accès au médicament un pilier de la justice sociale et de la souveraineté nationale.










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