Un récent rapport du Réseau marocain de défense du droit à la santé et à la vie dévoile une flambée alarmante des prix des médicaments importés au Maroc. Selon le quotidien Assabah, les tarifs peuvent être multipliés par trois, quatre, voire cinq entre le marché d’origine et celui marocain. Une situation qui suscite incompréhension et indignation, tant auprès des consommateurs que des acteurs de la santé.
Des écarts de prix injustifiés
L’ONG dénonce des disparités considérables entre les prix des médicaments dans leurs pays d’origine et au Maroc. Par exemple, un traitement contre l’hépatite, vendu entre 3.000 et 6.000 dirhams au Maroc, coûte à peine 800 dirhams en Égypte. Ces écarts concernent aussi bien les traitements pour des maladies graves comme le cancer, l’asthme ou les maladies cardiaques, que les médicaments génériques censés offrir une alternative abordable. Ironiquement, certains génériques au Maroc coûtent plus cher que leurs équivalents de marque à l’étranger.
Un système dominé par des pratiques monopolistiques
Le rapport met en lumière le rôle d’un « lobby » d’importateurs qui contrôleraient le marché. Ces acteurs, selon l’ONG, imposent des marges exorbitantes, faisant grimper les prix de manière injustifiée. Plus de 25% des médicaments importés seraient ainsi soumis à des monopoles de fait, freinant la concurrence et limitant les choix pour les consommateurs.
Un impact social et économique majeur
Cette flambée des prix pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des citoyens marocains, mais aussi sur la viabilité du système d’assurance maladie obligatoire (AMO). Ces prix prohibitifs menacent le projet ambitieux de généralisation de la couverture sociale, pilier de la politique publique actuelle.
La réponse des autorités
Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, a confirmé ces constats lors de la présentation du projet de loi de finances 2025. Il a pointé du doigt les importations réalisées sous le prétexte de production nationale, qui alourdissent artificiellement les prix. Pour pallier cette situation, il appelle à une réforme des autorisations d’importation afin de favoriser la concurrence, tout en garantissant l’approvisionnement en médicaments non produits localement ou nécessitant des délais de production longs.
Le Maroc parmi les pays les plus chers
Selon le rapport, le Maroc se classe au deuxième rang des pays les plus chers en matière de médicaments dans la région méditerranéenne, un classement peu enviable qui renforce l’urgence d’une action concertée.
Ce débat, relancé par le rapport de l’ONG et les déclarations du ministre, met en lumière une problématique complexe, mêlant enjeux économiques, sociaux et sanitaires. La question est désormais de savoir si des mesures concrètes seront prises pour redresser cette situation alarmante.
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