Après 51 jours de suspense, Michel Barnier a officiellement été nommé Premier ministre, succédant ainsi à Gabriel Attal. L’annonce de l’Élysée, brève mais attendue, a rapidement suscité des réactions diverses au sein de la classe politique. Tandis que la gauche fustige ce choix, la droite salue l’arrivée de l’un des siens, et le Rassemblement National (RN) adopte une posture neutre en attendant les premières déclarations du nouveau chef du gouvernement.
Du côté de la gauche, les critiques se sont focalisées sur Emmanuel Macron. Benjamin Lucas, député Génération.S, n’a pas tardé à exprimer son désaccord, dénonçant la nomination d’un « perdant d’une primaire » et qualifiant cette décision de « forfaiture ». L’ancien président François Hollande a lui aussi fait part de ses réserves, affirmant que cette nomination aurait reçu un aval tacite de l’extrême droite, une analyse partagée par d’autres figures politiques de gauche, telles que Marine Tondelier, qui accuse Macron de se soumettre à Marine Le Pen.
Marine Le Pen, pour sa part, a adopté une position plus mesurée, indiquant que le RN attendrait la déclaration de politique générale de Michel Barnier avant de se positionner. Cependant, elle a souligné que Barnier semblait correspondre au profil que le RN exige pour ne pas le censurer d’office : un homme respectueux des différentes forces politiques.
À l’opposé, La France insoumise (LFI) s’est montrée beaucoup plus offensive. Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI, a dénoncé « un coup de force » de la part du président Macron et appelé à une manifestation le 7 septembre. LFI a également relancé sa pétition pour la destitution du chef de l’État, récoltant déjà plus de 225 000 signatures. Manuel Bompard, député LFI, a confirmé l’intention de son groupe de voter la censure contre le prochain gouvernement.
Dans les couloirs du Palais Bourbon, la nomination de Michel Barnier laisse présager une bataille politique acharnée. Avec un bloc de 193 députés du Nouveau Front Populaire (NFP) prêt à voter la censure, Michel Barnier pourrait voir son gouvernement tomber si les 126 députés RN décidaient de se joindre à eux. En revanche, il pourra compter sur le soutien des 47 députés de la « Droite Républicaine », dont Laurent Wauquiez et Annie Genevard, qui se sont réjouis de sa nomination.
Les macronistes, eux, restent prudents. Yaël Braun-Pivet, présidente du Palais Bourbon, a demandé une session extraordinaire pour permettre à Barnier de s’exprimer rapidement, tandis que Renaissance a annoncé qu’elle n’opposera pas de censure automatique, mais exigera des garanties solides avant d’accorder son soutien.
Enfin, les syndicats ont exprimé leur mécontentement face à la nomination de Michel Barnier. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a dénoncé un « mépris du vote des électeurs », tandis que la CFDT et Force Ouvrière ont mis en avant les défis à venir, notamment dans le secteur hospitalier et éducatif.